L'odeur froide d'une flamme
Dans un documentaire sur Neubauten, Bargeld a dit : "Je ne me vois pas dans un fauteuil avec des charentaises à mes pieds... Mais jusqu'à un certain point quand même". Il y a chez Neubauten une sérénité et une pérennité qui s'est instaurée sous la coupe de son chef d'orchestre. Le fait que les autres restent, c'est parce qu'ils peuvent multiplier des projets alternatifs avec d'autres groupes mais aussi servir de Neubauten comme d'une tribune avant-gardiste, c'est-à-dire savante et de recherche fondamentale.
Malheureusement, s'il est une habitude de faire la révolution dans ce groupe hors du commun, il est certain que l'habitude ait pris le dessus sur son mouvement. Que dire de ce joyau ? Qu'il vole vers l'extrême-orient ? Qu'il penche vers l'ésotérisme ? (Petite digression people, Bargeld s'est marié avec une chinoise entre temps, s'est installé à San Francisco, puis à Pékin en passant par Berlin, il a eu une fille, il ne fume plus depuis 7 ans et n'est plus végétarien ; l'embourgeoisement ultime !)
Que peut-on dire de cet album sinon qu'il est le reflet du ronronnement depuis l'année 2000 ?
Compte tenu de ce remue-ménage dans la routine plutôt dandy-libertaire, Neubauten a construit son album un peu plus différemment que les autres. Cela semble normal, non ?
Les chansons sont bien mais elles demeurent sans audace. Neubauten sans son audace ne crée pas de percussion. Il faut que le marteau-piqueur frappe le sol pour le fragmenter. J'attends la même chose dans mon audition.
Toutefois, je (re)découvre, au-delà de ma déception de l'album dans son entièreté, les chansons une à une. Elles ont plus d'impact séparément.
C'est le premier album qui à mon sens manque d'unicité.