Sam Rivers – The Quest
Retour vers la sélection FJMt° qui autorise une vision globale assez inédite du free jazz, dont le seul moteur avoué est « le coup de cœur », au-delà des grands noms et des albums consacrés. Voici pourtant venir un « moteur d’exception », grand musicien véritablement extraordinaire. Je me souviens d’un concert en région parisienne où visiblement l’information autour de l’évènement avait été un échec, nous étions tout au plus une centaine dans une salle de sport où une scène avait été montée, il faisait plutôt froid et pourtant j’ai assisté ce jour-là, dans des circonstances plutôt hostiles à l’un des plus beaux concerts de ma vie. Sam a joué comme si nous étions vingt mille dans une salle surchauffée, ne comptant pas son temps sur scène, j’en garde encore un souvenir ébloui, plus d’une fois j’ai été emporté et emmené bien loin ce soir-là…
Ah ! Oui, Sam Rivers ! D’ailleurs je conseille les deux double albums « Black Africa! Villalago » et « Black Africa! Perugia » où je retrouve un peu de cette magie-là, si l’occasion se présente à vous. Pour l’heure c’est « The Quest » de 1976 avec Sam Rivers au ténor, au soprano, à la flûte et au piano, comme à son habitude, avec Dave Holland à la basse et Barry Altschul à la batterie, tout simplement l’un des meilleurs trios de la planète. Ça s’est passé à Milan les douze et treize mars 1976, en pleine période des fameux Loft dont il sera un des pôles les plus actifs.
Cet album propose donc une version studio de ses performances live, à l’intérieur d’un trio où tout tourne à la perfection, quasi instinctivement. Au fil de l’album Sam fait tourner les instruments, après le soprano sur « Expectation » vient l’heure de la flûte sur « Vision » puis celle du piano sur « Judgment » en début de face deux, et enfin du ténor pour la dernière pièce « Hope » qui déchire grave.
Il ne reste qu’à souligner la qualité des improvisations et de remarquer une ne nouvelle fois le très bon choix opéré par les auteurs de notre petit manuel de référence.