The Very Start par Ben Ric

Deuxième album seulement pour la chanteuse et guitariste Suisse Emilie Zoé mais déjà quelle maîtrise ! Quelle tension, quelle puissance, quelle qualité d’écriture dans ces compositions mid-tempo sur fond de ciel gris où l’orage menace à tout moment, prêt à éclater. On pense à Shannon Wright, autant qu’à Blonde Redhead ou PJ Harvey dans cette manière de marier des guitares tendues avec une voix fragile, avec des arpèges faussement annonciateurs de torrents de distorsions dans une production délicieusement lo-fi. Sans jamais abuser d’effets, Emilie Zoé reste concentrée sur son écriture, délivrant des chansons parfois austères, jouées avec une forme de simplicité qui nous rappelleront quelques grands albums d’indie-rock de la fin des années 90.

On pourra sans doute lui reprocher des arpèges de guitares parfois trop évidents, des plans entendus ici ou là, mais c’est avec une forme de nostalgie bienveillante qu’on les accueillera pour apprécier pleinement les ambiances mélancoliques, limite « fin du Monde », qui émanent sur chaque morceau.
Dix titres joués sous une ligne à haute tension, hantés par quelques fantômes, souvent faits avec presque rien – un piano, une voix, sur Loner, ou de chœurs lancinants et entêtants comme sur les bouleversants A Fish In a Net ou Tiger Song – le tout composé et enregistré le complice et batteur Nicolas Pittet.

Si vous cherchez un album à forte teneur émotionnelle, un album pour vous prendre aux tripes ou vous mettre quelques frissons, The Very Start sera sans doute l’objet idéal. Une production sans fioriture, à l’os, marquée par une profonde tristesse mais qui bizarrement fait du bien, requinque, touche au cœur par sa sincérité et son authenticité.

On a eu très peu de disque de ce genre au cours de cette année 2018… une bonne raison pour en profiter pleinement et saluer tout le talent de cette dame. https://www.benzinemag.net/2018/12/27/the-very-start-lindie-rock-sous-haute-tension-demilie-zoe/