Après avoir écouté cet album, je comprends mieux pourquoi Joel McNeely, l'un de ces compositeurs présentés au début des années 90 comme potentiels successeurs de Williams et Goldsmith, a choisi de s'enterrer dans le département direct-to-video de Disney.
Là, pour ces productions destinées aux plus jeunes, McNeely peut se permettre de composer dans la veine orchestrale qu'il a toujours appréciée et pour laquelle il présente un talent indéniable, même si l'originalité n'a jamais été son fort. Et Disney continue de lui mettre à disposition pour cela des moyens dont doivent rêver pas mal de compositeurs de cinéma (orchestre de 120 musiciens...).
En entamant l'écoute de Tinker Bell, je m'attendais donc à une partition symphonique solide, mais sans originalité et peut-être facilement oubliable. Mais elle réussit à s'élever bien au-delà ce contrat minimal dont s'acquitte McNeely les yeux fermés. Au delà du plaisir de retrouver ces musiques entièrement symphoniques des années 80/90, avec quelques envolées d'action qui donnent des frissons, le compositeur fait un choix tranché en donnant une franche orientation celtique à cette B.O., avec des solistes de talent au violon irlandais et aux très nombreuses et variées flûtes, ce qui donne au tout une personnalité rafraîchissante. Et cette pointe d'originalité permet de pardonner l'absence de thème absolument marquant, et de traverser avec plaisir le ventre mou de l'album, un peu plus intimiste, entre les envolées lyriques du début et de la fin, comprenant d'ailleurs quelques couplets chantés par Loreena McKennitt.
Je trouve réconfortant que les enfants puissent encore être exposées à des compositions orchestrales de cette qualité, et c'est tout à l'honneur de Disney, que je ne porte pas habituellement dans mon cœur. Alors, évidemment, si vous n'aimez pas les compositions trop lumineuses, que vous êtes allergiques à la musique celtique (précision importante : il n'y a pas de cornemuse, ouf !), que le mickey-mousing pourtant forcément inhérent à ce type de production vous rebute (je ne le trouve personnellement pas envahissant), ou que quelques incursions de bruitages naturels gentillets (grillon, grenouille) vous donnent des boutons, ce disque n'est peut-être pas pour vous. Et c'est bien dommage, parce que, de son petit coin de paradis que l'on croyait perdu mais qui n'est que caché, McNeely nous livre une partition comme on n'en fait plus tellement.