Please Remember Me

S’il a côtoyé les plus grands au moment de leur émergence, Jadakiss n’a clairement plus la force marketing de sa grande époque. Pour autant, il ne faudrait pas passer à côté de ce Top 5 Dead Or Alive, au moins pour le bon vieux temps.

Jadakiss, c’est d’abord le respect. Le respect d’une carrière vingtenaire, d’un nom qui résonne dans tout New York. Ils ne sont pas nombreux, dans la Big Apple, à avoir gardé aussi longtemps un rôle prédominant. Aujourd’hui encore, malgré une réputation à la baisse, la faute aussi à une jeune génération ambitieuse, Jadakiss reste une référence. Alors, on ne passe pas à côté de ce Top 5 Dead Or Alive.

Jadakiss le sait : il doit se racheter. Une conduite, même si c’est déjà fait après de nombreux passages par la case justice. Une fanbase, faite de vieux de la vieille qui l’ont un peu et honteusement oublié. Alors, il nous remercie. Dans tous les sens du terme, dès le premier morceau. Un « First 48 Intro » classe, clair, 80’s, où il donne sa bénédiction à tous ceux qui écoutent, en streaming, en téléchargement, légal ou non.

Puisque la musique est un éternel souvenir, Jada ne s’applique pas qu’à faire revivre les années 1980. Quand d’autres s’appliquent à faire revivre le Boombap des 90’s, lui prouve qu’il a quelque chose que les petits jeunes n’ont pas : le flow de l’époque. Écoutez donc « You Don’t Eat » et « Y.O. (Youthful Offenders) ». Le dernier titre est prophétique. C’est ce phrasé, presque anachronique aujourd’hui, qui tranche. Et tant pis si le feat l’est aussi. Sérieusement, inviter Akon, en 2015 ?

Géométrie variable

C’est sûrement cela qui pêche, dans ce Top 5 Dead Or Alive : un certain sens du has-been, pas bien maîtrisé par son interprète. Si « Jason » nous rappelle aux productions millénaires influencées par les bandes originales des slashers, difficile de ne pas rapidement s’en lasser. Après tout, ce genre de prods ne sont que la Trap d’hier.

Heureusement, Jadakiss se reprend en ventre d’album avec une flopée de titres upbeat et frais. Entourés de valeurs sûres du moment (Wiz Khalifa, Jeezy, Nas, Nipsey Hussle), « Man In The Mirror », « Synergy », « Ain’t Nothing New » ou « So High » font tranquillement le job et nous rappellent au bon vieux temps. « Rain » vient conclure avec Nas cette liste d’un son costaud, le genre à régler en quelques secondes. Essayez de ne pas bouger la tête pour voir ? Raté.

Entre ces titres à écouter les yeux fermés se cachent, vicieux, quelques autres bien claqués. La faute à des invités souvent peu consciencieux. C’est désormais officiel : Future pourrit tous les projets où il s’invite, au constat d’un « You Can See » dégueulasse où le grand débarqué chouine sur les hooks. Une horreur. Même principe sur « Kill », avec le petit lutin tatoué Lil Wayne. Difficile enfin d’accepter le final « One More Mile To Go » en compagnie de Chayse, son beat croisé entre un épisode de High School Musical et le « Umbrella » de Rihanna et sa guimauve digne de Katy Perry. Côté Street Cred’, ça pique.

Il sonne comme une bouteille à la mer, ce Top 5 Dead Or Alive. Une manière un peu désespérée de montrer au monde qu'il doit se souvenir de lui, qu'il est toujours là. Pourtant, en soi, Jadakiss n'avait pas besoin de ça. Si la nostalgie opère sur quelques titres bien menés, le projet en entier transpire la panique. Dommage.

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