C’est avec l’actrice Sasha Grey au chant que Death In Vegas reprend du service avec un Richard Fearless désormais seul à la barre. Enregistré dans un studio à deux pas des docks et des diverses industries du bord de la Tamise, Transmission est un précieux témoin de la vie underground londonienne. Un sixième album qui met la musique répétitive au cœur de son propos, ça tombe bien je l’ai découvert dans une laverie.
Ça tourne en boucle, boucle, boucle…
Je vous mets dans le contexte. C’est dimanche, le ciel est gris et la journée un peu ennuyeuse. Une pile de linge sale me regarde du coin de l’oeil du genre: « Allez coco, il va falloir que tu t’occupes de moi ». Je prends ma lessive et mon linge, me voilà parti en direction dans la grande aventure du dimanche: LA LAVERIE ! Sur mon trajet, je jette un coup d’œil sur mes recommandations Spotify, je vois une pochette d’album aux pixels aussi rétro que nostalgiques, j’appuis et j’attends. Une vingtaine de seconde après, les premiers bidouillages du morceau d’ouverture « Metal Box » commencent à me titiller les oreilles.
J’arrive à la laverie et les bizarreries de ce premier morceau n’ont toujours pas cessé. Pourtant, comme hypnotisé, je ne change pas de morceau, je reste là, à contempler ce paysage froid et inquiétant que me propose Death In Vegas. J’enfile le linge dans la machine, je paye, je lance la machine et tout d’un coup, telle une intervention divine, une mélodie raisonne en boucle. Un son froid et robotique, aussi rigide que le tambour de la machine à laver.
Je suis seul dans la laverie, le ciel est toujours aussi gris, je m’assois tout en étant hypnotisé par mon ligne qui tourne frénétiquement sur une bande sonore qui me laisse alors bouche bée. Je ne savais pas encore que j’était parti pour une heure de méditation à base de chaussettes sales. Les morceaux s’enchaînent alors comme des hallucinations psychotropes dictées par les messes énigmatiques de Sasha Grey. « Consequence Of Love » et « Mind Control » me font penser au génie d’Aphex Twin alors que les aspects crasseux de « Transmission » me ramènent dans la sordide cave du Fight Club.
Quand l’electro cradingue s’évapore dans la brume ambiante.
Je transfère tout ce beau linge dans le séchoir tout en me rendant compte que mes mains sont devenues moite à cause de l’humidité de mes vêtements fraîchement lavés. Des fringues tout aussi moites que dans les clubs londoniens les plus underground. J’ai l’impression d’y être mais non, je suis toujours dans cette laverie, le ciel toujours aussi gris. Je vais quelques instants en dehors de l’établissement pour prendre un peu d’air frais, c’est à ce moment que « Storm » s’est mit en route. J’ai immédiatement pensé à Fuck Buttons et à leurs boucles nostalgiques. Bref, la vie était belle et mon linge était enfin propre. Je suis rentré chez moi, le sourire aux lèvres et le cœur encore haletant d’une telle découverte.
J’ai cru comprendre que Death In Vegas était en réalité un groupe assez populaire sur la scène underground anglaise. Le fait est que je n’en avais jamais entendu parlé. Grand bien m’en fasse car je n’aurais pas pu les découvrir dans de meilleures conditions que dans cette laverie. Transmission est une très bonne expérience musicale, qui permet à celui qui l’écoute de se projeter dans l’oeuvre de Richard Fearless. Bref, si vous vous faites chier dimanche prochain, vous savez quoi faire…