Tout premier album de The Black Dahlia Murder, proposant quelque chose plus neuf que leurs précédentes démos, Unhallowed commence à montrer le style détonant des Américains, un style officiant entre le death mélodique scandinave et le thrash old school. On retiendra bien évidemment des passages jugés metalcore, surtout sur "Elder Misanthropy" ou "The Blackest Incarnation" (présente comme beaucoup sur leurs anciennes démos) mais on peut surtout percevoir du bon vieux At The Gates dans la totalité de leurs morceaux.
L’album sent le premier effort, la toute première galette dont on est fier mais qui vieillit hélas très vite. L’artwork est très soigné, à la fois sobre mais attrayant, le titre de l’album court mais accrocheur (comme tous leurs full-lenghts par ailleurs). Sans aucun doute plus personnel et mieux foutu que les précédentes démos du groupe, Unhallowed n’est pas exempt de défauts : s’ils sortent quelque peu du lot, ils n’échappent pas à l’évidence de leurs influences, pointées du doigt par les puristes et autres détracteurs de jeunes groupes se cherchant encore. Le son n’est pas terrible et la basse reste beaucoup trop en retrait à mon goût. Ceci dit, le chant de Trevor pose déjà les bases de son futur succès auprès des fans, ce mélange d’aigu torturé et de growls caverneux que ne nieraient ni Jeff Walker ni Mikael Stanne.
Unhallowed étant leur premier méfait, le disque présente le style du groupe qui évoluera par la suite en gagnant du niveau et une identité (presque) propre mais on ne peut pas allouer à l’album d’être parfait. Beaucoup de monotonie, des morceaux ne se distinguant que très peu des précédents et le manque d’un certain "petit quelque chose" qui rendrait le CD extraordinaire, ce petit quelque chose qui fait que même si rien n’est original, on adore et on en redemande. Ici, The Black Dahlia Murder ne fait que se présenter, montrant leurs influences, leur style et le font plutôt bien malgré quelques maladresses.
La palette de riffs s’enchaine sans temps mort et c’est bien dommage car on aurait aimé une plus grande diversité et une organisation moins simpliste des morceaux, la musique s’écoutant au final de façon presque linéaire. Mais je critique, je critique, alors qu’il y a d’excellents titres dans ce prélude à l’aventure Black Dahlia ! Des titres mémorables comme le sublime "Thy Horror Cosmic", melting-pot de death suédois et de black metal norvégien (les pays du Nord étant la principale source d’inspiration de la musique de nos amis américains), sans oublier le monstrueux "Funeral Thirst", balancé » juste après une intro glauque à souhait.
Bref, avec ses tares et ses qualités, la première galette de The Black Dahlia Murder démontre qu’elle n’est pas la meilleure du groupe mais qu’elle est bel et bien porteuse des prémices de ce qui deviendra la consécration musicale avec l’excellent Miasma et surtout le quasi-parfait Nocturnal. En somme, pour les fans absolus du groupe ou les amateurs de At The Gates.