Cecil Taylor - Unit Structures (1966)
Une pochette qui pourrait faire penser au "Pop Art" d’Andy Warhol, elle est signée Reid Miles et se tourne vers la modernité, pour cet enregistrement il faudrait même parler d’avant-garde. C’est l’un des deux albums signés sur Blue Note par Cecil Taylor et c’est sans doute le plus free du catalogue. On y retrouve toute la fougue du pianiste enregistrée en mono sur l’édition originale. C’est puissant, compacte, brut et direct. C’est également pensé, organisé et structuré comme l’indique le titre.
On peut penser, me semble-t-il, que « Conquistador! », l’autre album Blue Note est plus facile d’accès, celui-ci étant sans doute d’un abord plus aride. On y trouve une pléiade de grands musiciens, Eddie Gale(tp), Jimmy Lyons (as), Ken McIntyre (as,ob,bcl), Henry Grimes (b), Alan Silva (b) et Andrew Cyrille (d), Taylor est au piano, il compose et organise.
L’album a cinquante-quatre ans et n’a pas pris une ride, il a conservé toute son audace et son pouvoir subversif, il bouscule encore les habitudes d’écoute et questionne l’ordre et l’harmonie, il agit à la façon d’un aiguillon, osant tout et bravant l'orthodoxie. La musique est rythmée, secouée par des clusters de notes qui tombent en trombe sur le clavier, les éléments se déchaînent en flots groupés et intenses qui se déplacent, montent, puis déferlent.
Des moments plus calmes dessinent, de temps à autres, des mouvements colorés, des teintes pastel, tissées par l’ensemble des musiciens qui semblent s’assembler et fusionner pour ne forger qu’une musique unique et essentielle.