Une voix comme un instrument
Entre langage inventé et musique envoûtante, le premier album de Jorane nous emporte dès son ouverture avec « Ineffable ».
Les morceaux suivants chantés en français - ou anglais dans le cas de Jinx - semblent au départ paradoxalement moins réussis que cette entrée en matière onirique. L'émotion y est comme rationalisée par le langage, comme assourdie. Ce n'est que dans les quelques passages sans mots qu'elle est soudainement relâchée. On apprend alors à apprécier cette alternance de pudeur et d'abandon.
Les morceaux « Candeur », « Sous-marin Marion » et « Vent Fou » surprennent par leur côté résolument plus rock et parviennent à prévenir la monotonie qui aurait pu s'installer avec un tel album. « Monsieur Piment » dénote également joliment par ses accents de musique du monde.
De cette album éclectique, à la fois mystérieux et intime, on retiendra surtout les morceaux « vocalisés ». A ce titre, mention spéciale à « Machant » et à « Prière » qui, comme son titre l'indique, clôt l'album sous forme d'incantation.