Premier constat : non, Violence (malgré un titre prometteur) n'est toujours pas un album rock. Il poursuit "l'oeuvre" de In Dreams (les guitares au placard) et tente même de faire danser les foules. Oui. Danser les foules.
Editors avait déjà tenté ça avec "Papillon" en 2009 et si ce titre est devenu un passage obligatoire en concert (malheureusement) il n'en demeure pas moins un mauvais titre dance. Avec Violence ils remettent le couvert.
"Magazine" , premier single, ne rappelle t-elle son glorieux aîné? "Darkness at the door" n'a t-elle pas un refrain funk? Idem pour celui de "Nothingness" ?
Ce sixième (déjà!) album d'Editors fait la part belle à la musique électronique et à la dance de manière éhontée. On se demande bien à quoi leur sert leur tâcheron de guitariste.
C'est comme si le groupe de Birmingham se fourvoyait dans la merde.
Tout est il à jeter? Non, il y a deux trois (petites) lueurs d'espoir. La première est le très bon "Hallelujah". Seul titre avec une guitare énervée (même si on est loin de la finesse d'un Chris Urbanowicz). Je dirais même que c'est le meilleur titre du groupe depuis "Sugar". J'aime aussi "Violence" pour son côté Depeche Mode époque Playing The Angel et son refrain catchy. "Magazine" fait le taf en tant que premier single même s'il rappelle furieusement papillon. Et "Counting Spooks" est loin d'être dégueux avec son refrain presque à la Queen...dommage qu'à partir de la troisième minute elle se transforme en titre dance. Eh oui on y revient toujours.
Pourquoi l'album s'appelle Violence au fait? Eh bien, à en croire les paroles ça parle beaucoup de la situation peu reluisante du monde (en tout cas sous certains aspects). Tom Smith dit avoir été pas mal marqué par la crise des réfugiés. Certaines chansons semblent en parler directement ("Darkness at the door", "hallelujah"). On peut voir également un petit clin d’œil à Trump avec "Magazine". "No sound but the wind" quant à elle...attendez...quoi?? Qu'est ce qu'elle fout là cette chanson? Pour rappel le groupe l'a chantée la première fois lors d'un festival en 2008 dans une version disco rock et depuis on se la tape quasi à chaque tournée. Sur Violence on doit avoir la quatrième version du titre. Version chiante bien sûr (merci Tom Smith des années 2010...) On se demande si ce n'est pas du foutage de gueule de nous la mettre dans la tracklist d'ailleurs. Donc, disais je, cette chanson écrite avec les pieds, inspirée du très moyen livre "la route", parle d'une vie post apocalyptique.
Oui de la violence il y a en a. On peut y ajouter les relations amoureuses terminées, compliquées (comme d'hab) et on peut dire qu'on retrouve des thématiques très présentes dans In This Light And On This Evening que je considère être le grand frère de Violence. Mais un grand frère plus couillu quand même.
Ce qui differencie l'avant et l'après Chris Urbanowicz c'est le rythme des chansons. Depuis son départ Editors semble se trainer une caravane et leurs chansons sont souvent lentes voire chiantes. Tom Smith chante moins grave et la guitare, depuis le finalement pas si mauvais The Weight Of Your Love, ont tout bonnement disparues (un comble pour un groupe qui a bâti son succès là dessus).
Violence, comme In Dreams, ne marquera pas l'histoire de la musique. Il y a peu de chance que dans dix ans on verse une petite larme en le réécoutant (contrairement au fabuleux An End Has A Start). Tom Smith a transformé Editors en quelque chose qui n'est plus Editors depuis In Dreams.
Dans un article lu sur internet le journaliste disait que ce Violence était la dernière chance qu'on laissait à Editors pour redevenir Editors. Je suis assez d'accord...