What Have We Learned par Chro
Par Matthieu Clervoy
La nouveauté n'est pas un mot de vocabulaire chéri par la techno, et elle se trouve même plus souvent être synonyme d'opportunisme et de superflu. Les militants techno les plus rigides vous prouveront toujours combien le genre tient sa puissance de leur violence réactionnaire contre les standards de la musique populaire. En caricaturant un peu la doxa, le seul progrès unanimement approuvé en techno consiste à approcher au plus près d'une idée très pure, inchangée depuis Basic Channel et Robert Hood, autour de laquelle tout ce qui s'invite est luxe inutile, et qui ne nous laisse ainsi pour horizon que le dénominateur commun de la répétition, de la structure 4/4 et des sonorités dépouillées d'une poignée de synthétiseurs Roland. C'est le genre de fondamentaux austères auxquels s'en tiennent encore certains aujourd'hui (ces nouvelles émules du Berghain qui oublient d'aller renouveler leur disque chez le fameux disquaire berlinois Hard Wax) et franchement, on imagine bien volontiers la techno ne jamais quitter son dénuement extrême, si elle n'entend pas le fin mot de ce très bel album de Morphosis, tant il incarne tout de son histoire récente et essaie même de lui répondre.
Ce n'est bien sûr pas la toute première fois qu'un propos jazz vient contrarier les canons techno, mais celui du producteur libanais Rabih Beaini est tellement seul dans le paysage qu'il vaut bien d'être amplifié. A sa manière, il reprend le langage libérateur de Sun Ra, dont Rabih admire le travail plus que nul autre. (...)
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