Il suffit de voir la pochette de Wild Tales pour comprendre que cet album n'aura pas grand-chose à voir avec son prédécesseur : deux ans seulement ont passé depuis Songs for Beginners et ses atours virides, mais c'est un Graham Nash vieilli et hagard qui invite l'auditeur (le courageux qui osera dépasser cet abord peu chaleureux) à entrer dans ces « contes sauvages ».
Cette pochette d'où toute couleur a fui annonce la tonalité de l'album presque tout entier, et si ces dix titres reflètent réellement l'humeur de Nash à l'époque, je le plains sincèrement. Tout n'est ici que confusion et chaos, inondations (Wild Tales) et incendies (Grave Concern), désespoir et injustice (Prison Song, trop désabusée pour être qualifiée de protest song), solitude (I Miss You), doutes et incertitudes (On the Line). Difficile de reconnaître celui que l'on avait laissé deux ans plus tôt chantant en chœur « on peut changer le monde ».
Si Songs for Beginners était le yin, le côté pile, le paradis, Wild Tales est le yang, le côté face, l'enfer. Il est peut-être plus difficile d'y entrer, et les compositions sont sans doute un peu moins accrocheuses, mais c'est tout de même un fort bel album.