Charlie Rouse – Yeah! (1960)
A la faveur d’un petit rappel récent voici un retour vers le saxophoniste Charlie Rouse, souvent considéré comme faisant partie intégrante de l’univers Monkien, il ne faudrait cependant pas oublier qu’il eût une vie avant, et une autre après la rencontre monastique. Pour preuve, entre autres, cet album enregistré en décembre 1960 et sorti en 1961, « Yeah ».
Ma version est celle du Cd made in France avec les bonus, trois titres enregistrés en juillet 61, dans une collaboration différente de celle de la session 1960, cette dernière comprenait Billy Gardner au piano, Peck Morrison à la basse et Dave Bailey à la batterie.
Plusieurs titres sont écrits par le saxophoniste, « Lil Rousin’ », Billy’s Blues » et « Rouse’s Point », les trois autres sont des standards. La re-masterisation effectuée sur le Cd rend justice au son du groupe, la sonorité ronde et chaude de Charlie Rouse, avec juste un rien de vibrato, est parfaitement rendue, tant sur les tempos rapides que sur les ballades, style « Stella by Starlight » où Charlie excelle.
Puisant à la source du be-bop, Charlie lui est resté fidèle, en cultivant un jeu un peu tendu, qui ne cherchait pas le salut dans l’expressivité démonstrative, lui préférant une certaine retenue qui conviendra si bien à l’univers monkien, attitude qui se retrouve également lors de ses performances scéniques. Ici la rythmique convient parfaitement, dans un classicisme efficace.
Sur les bonus, du beau monde, Art taylor à la batterie, Reggie Workman à la basse et Gildo Mahones au piano qui signe « Quarter Moon » un des trois titres présents ici. Un complément fort agréable qui convient bien.
Un bel album qui pourrait constituer un premier pas vers la découverte, sous un jour nouveau, d’un ténor habile et peut-être encore injustement sous – estimé, disparaissant derrière l’ombre tentaculaire du moine (pas Eddy Mitchell, l’autre).