You Can Do Anything par benton
La musique des Zutons est à la fois tellement volubile et catchy qu'elle en devient presque gênante et trop cliché : c'est trop énergique, et trop franchement rock tout simplement pour être sincère et ne pas reléguer le groupe dans la case des combos rock qui surfent sur un revival commercial un peu trop calibré. Et c'est clair, les chansons sont calibrées, trop, sans doute, et cumulent les gimmicks les plus criants mais aussi dans un sens les plus efficaces de la musique rock : riffs qui dépotent sans préambules (Harder and Harder), avec un chanteur roots, le tout entrecoupé de douceurs plus mélodiques (Dirty Rat et le magnifique Put A Little Aside) avec un entrain et un charme, voire une roublardise, auxquels il est difficile de résister.
Mon cœur ne cesse ainsi de balancer entre l'écœurement devant tant de débauche ostentatoire, qui paraît parfois trop calculée malgré ses airs, et le plaisir simple et pur d'une musique qui fonce malgré tout droit devant, dans la grande tradition des groupes rock qui ne s'encombrent d'aucune fioriture tout en assurant une efficacité mélodique qui enthousiasme. The Zutons se situe à la croisée de ces chemins, flirtant avec l'océan des clones de groupes de rock revival, mais arrivant à tirer son épingle du jeu grâce à son énergie emballante et quelques élans qui sonnent bien.
A défaut de posséder un son caractéristique (à la limite c'est plutôt de ce côte que l'album me fait tiquer), le groupe est capable de créer une véritable dynamique dans ses chansons, avec un rythme groovant, à l'image du fantastique You Could Make The Four Walls Cry (la voix de la chanteuse y est incroyablement sexy !). Au final, j'arrive à pardonner les quelques accès de facilité (le disque aurait sans doute gagné à virer deux ou trois morceaux et à durer 10 minutes de moins) car il y a de belles fulgurances.