On peut l'affirmer sans détour. A Certain Trigger est très certainement le meilleur premier album enregistré par un groupe britannique depuis... au moins un mois et demi! Il est vrai qu'en ce printemps 2005, au rythme où bourgeonnent les rameaux de l'arbre généalogique du rock anglais, l'intervalle de temps qui sépare deux générations consécutives se mesure désormais en semaines. Ultime descendant d'une branche post-punk dont Franz Ferdinand apparaît déjà comme l'ancêtre, un an après la sortie de son premier opus refondateur, Maxïmo Park suit de très près les traces de son grand frère Bloc Party (avec lequel il partage un producteur, Paul Epworth, qui commence à peser lourd), au coude à coude avec son petit cousin Kaiser Chiefs. Ce coup d'accélérateur de l'histoire coïncide bien, en l'occurrence, avec le sentiment d'immédiateté et d'urgence qui se dégage de la plupart de ces treize premiers titres magistraux, au rang desquels figurent en bonne place les deux premiers singles du groupe, The Coast Is Always Changing et le bien nommé Apply Some Pressure, toujours au bord de l'explosion. Impossible de savoir ce qui fascine le plus dans ce flot tourneboulant déversé par les cinq de Newcastle : les mélodies taillées sur mesure par Paul Smith et ses acolytes, plus tendues que le filin d'acier sur lequel le groupe semble piquer ses sprints d'Acrobat accompli, les refrains à tiroir qui n'en finissent plus d'imposer leur dynamique surprenante, ou encore les références, insouciantes et jamais scolaires, à The Smiths, comme sur ce Postcard Of A Painting qui tresse, en guise d'introduction, des arpèges carillonnants en écho à This Charming Man avant d'enchaîner sur un texte "morrisseyen" en diable ("I'm losing more than I ever had"). Mais, indépendamment des qualités formelles de cette première oeuvre brillante, l'euphorie éprouvée à l'écoute de A Certain Trigger tient surtout à ce sentiment d'avoir affaire à un album aussi classieux que populaire, taillé pour le succès, et qui devrait servir, dès sa sortie, de source d'inspiration à une flopée d'émules. Des chansons solidement ancrées dans le passé et qui garantissent l'avenir. Que demander de plus? (Magic)


Joyeux quintet rock anglais, Maxïmo Park est une curiosité à plus d’un titre. D’abord, ces énergumènes sont la première signature rock du label orienté electro pointue, Warp (Aphex Twin, Stereolab, Autechre…). Ensuite, leur premier album, « A Certain Trigger », vient d’atterrir dans les bacs et il a été produit par Paul Epworth, collaborateur de Bloc Party et de Babyshambles. Enfin, le groupe a été convié à jouer aux festivals anglais de Glastonbury et de Reading au cours de l’été dernier. Avec « A Certain Trigger », Maxïmo Park s’inscrit dans la vague revival post punk/new wave inspirée de The Jam, XTC, Devo ou encore The Smiths. Le groupe se complait avec aisance dans des compositions incisives et débridées aux allures punk conscient, à l’image de son single Apply Some Pressure. Mais il sait aussi faire preuve d’éclectisme en proposant des morceaux résolument pop tels que Kiss You Better, ou Postcard of a Painting. Loin de s’enfermer dans une seule formule (critique que l’on pourrait formuler à l’égard de Bloc Party ou de Franz Ferdinand), le quintet s’acoquine aussi de quelques incartades rock 80’s avec Limmasol ou Signal and Sign.Placé sous le signe d’un revival 80’s mais bénéficiant d’une personnalité propre, ce mélange de guitares brutes, de basse vrombissante, de batterie énergique, de claviers new wave et de chant tantôt mélodique tantôt épileptique fait de « A Certain Trigger » un très bon album, frais, riche et stylé, à ranger sans honte à côté du 1er album des Strokes, « Is This It ? ». (indiepoprock)
Warp est l’un des labels électronique (et bientôt éclectique) des plus intéressants de notre temps. Boards Of Canada, Aphex Twin, Plaid, Prefuse 73, LFO, Squarepusher et la liste est encore longue. Il y a peu de temps, le célebre label a decidé d’explorer d’autres directions par l’intermédiaire du folk parfait de Gravenhurst. Et cette fois, c’est un groupe de rock que Warp a signé cette année. « A certain trigger » est donc le premier disque des anglais de Maxïmo Park. Ces cinq jeunes hommes de Newcastle jouent un rock d’une autre génération. Alors que le monde entier écoute des groupes en « The », Maxïmo Park tire son épingle du jeu par son originalité. Pas de « The » et surtout un son qui diffère de la plupart des groupes que l’on a pris l’habitude d’écouter ces temps-ci. Les Anglais possèdent une musicalité récente, et un son d’une puissance incomparable. Leur rock est alambiqué, drogué et plein de mélodies subtiles qui se révèlent au fil des écoutes (toujours plaisantes). « Postcard of a painting » est une parfaite pop song, qui ne ressemble pas à grand-chose d’autre. Bien sûr certains médisants qui n’écouteront ce disque que d’une oreille pourront directement classer Maxïmo Park dans la longue liste des groupes de rock inintéressants… Mais les autres pourront découvrir un groupe plein d’idées, qui construit des morceaux géniaux aux arrangements aussi bien sentis que parfaitement interprétés. Le chant de Paul Smith est d’une classe inégalée (comment aurait-ce été possible avec un tel nom…), les guitares de Duncan Loyd ont un son grandiose, alors que Lukas Wooler amène la juste légèreté aux morceaux derrière son clavier. A l’image de ces parfaits : « I want you tostay » ou « Graffiti », Maxïmo Park a tout pour s’imposer comme le nouveau groupe de rock incontournable.(liability)
bisca
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le 10 avr. 2022

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