Voilà un album qui met à mal les idées reçues relatives au concept supposé de "coolitude". Comment Jean-Yves Prieur, l'ancien grand manitou du label alternatif Bondage, peut-il bien cautionner l'easy listening ? Comment est-il devenu le nouveau fer de lance de Yellow Productions de l'autre côté de la Manche ? Comment en est-il venu à remixer les... Pastels, sans les connaître ni d'Eve, ni d'Adam ? A toutes ces questions, la réponse est la même : par amour, l'amour de la musique bien sûr, lequel ne saurait suffire à tout expliquer tant Puff Daddy réussirait lui aussi à vous arracher une petite larme en évoquant son amour pour Police... Non, Jean-Yves, jeune trentenaire et fier de l'être, n'est passé du rock pur et dur si tant est qu'il existe à ces Relaxin' With Cherry ou She's My Lover qui font le miel de A Grand Love Story qu'après avoir créé un label, en tant que Kid Bravo, producteur à ses heures, formé puis délaissé les groupes Mega Reefer Scratch et Catch My Soul avant d'enregistrer pour Yellow, suite à l'envoi d'une K7, sous sa nouvelle identité le bout d'essai de Blues Project. Quant aux Pastels, ce sont les deux 25 centimètres de la série The Real Pop Porn Blue Sound, dont les morceaux sont ici repris, en particulier l'aérien The Bootleggers, qui avaient attiré l'an passé l'attention des Ecossais, d'où le prochain remix (Stereolab sont les prochains sur la liste du Kid) d'un de leurs morceaux en échange de la participation vocale de Katrina Mitchell à Love Me Sweet, très Primal Screamadelica... Cet amour de la musique, transcendé par l'amour tout court, a beau contraster avec les chansons de haine, dans le sens de "protest songs", des artistes alternatifs, la compilation Radio Bondage sortie en 1989 fait figure de lien (littéralement "bondage") de par sa pochette, extrait visuel d'un film à la musique signée Burt Bacharach, le cultissime Casino Royale.(Magic)