Nous y voilà.
Probable dernier album du groupe, A Head Full of Dreams (dont j'aime toujours autant la pochette) est une sorte de retour aux sources.. Aux sources d'il y a 6 ans. Soyons honnête, nous sommes plus...
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le 7 déc. 2015
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A Head Full of Dreams sentait déjà le sapin avant même qu'il n'arrive. Après un Ghost Stories sorti il y a un an et demi qui, sans être fabuleux, corrigeait certains gimmicks agaçants dans les chansons du groupes (les fameux "aaaaaah" ou "ohohoh"), la bande de Chris Martin s'est, alors, vite empressé de retrouver les studios pour pondre en même pas une année ce "A Head Full Of Dreams". Passons le premier single mauvais (le dénommé "Adventure of Lifetime"), faussement joyeux, faussement épicurien, superficiel et des tenues recyclées des tournées de Mylo Xyloto (album pas incroyable, même s'il contient quelques pépites comme Hurts Like Heaven ou Charlie Brown), passons le nom des producteurs et l'annonce des featurings avec Tove Lo (ça fait un petit peu mal, quand vous avez travaillé avec des gars comme Ian McCulloch d'Echo and The Bunnymen, Brian Eno ou Markus Dravs, alias le gars qui a signé les albums déments d'Arcade Fire et de Florence+The Machine) juste pour vendre des singles (si tant est que les singles se vendent encore...). C'est donc avec une certaine méfiance que j'écoute cet album, chose qui ne m'ai jamais arrivé, ou presque, avec un Coldplay. Malheureusement, ce que j'ai entendu justifie vraiment mes craintes.
Oui, AHFOD est bien une bouillie sans nom, encore moins digeste que le plus mauvais des kebabs que j'ai mangé. Le gros problème de cet album, c'est que lorsqu'il ne se caricature pas, Coldplay essaie de copier ce qu'il se fait à la radio (ce qui, au vue de ce qui est diffusé sur NRJ, n'est déjà pas une bonne nouvelle) et se prend les pieds dans le tapis. Pour un groupe que l'on a souvent comparé à Radiohead, Jeff Buckley ou U2, jouer dans la même cour que Maroon 5 témoigne d'une certaine régression.
Penchons nous tout d'abord, sur les chansons qui seront les hymnes de stade sur la prochaine tournée de Coldplay. La chanson éponyme, qui nous met d'emblée dan, aurait pu être réussie si elle n'avait pas, par fainéantise, abusée des "ohohoh". Si bien qu'au lieu de s'élever du côté de Viva La Vida ou Paradise, elle rejoint la putassière "Every Teardrop Is A Waterfall". Birds, la chanson-suivante, ressemble beaucoup à Hurts Like Heaven, mais se manque totalement sur la fin. Je ne vais pas beaucoup m'épancher sur Hymn For The Weekend, où Chris Martin semble bourré au Champomy (dire, que, dans une interview, il voulait faire de ce morceau, une chanson qui serait reprise dans les boîtes...). Enfin, ma grande déception de cette album restera le dernier morceau, celui que j'attendais le plus car Noel Gallagher venait s'y inviter. Finalement, il s'agit d'un sous "Champagne Supernova" (ou Champomy Supernova), avec un solo semblable, un refrain qui essaie également de s'emballer, et de se la jouer grandiloquent. C'est dommage quand on sait que, dans le genre, Coldplay savait faire de grandes chansons comme "Everything's Not Lost/ Life is For Living", "Clocks" ou "42" . Mais bon, ça, c'était quand Coldplay avait des idées.
Ensuite, intéressons nous à ce qui faisaient la marque de fabrique de Coldplay: les ballades. "Trouble", "The Scientist", "Green Eyes", "Fix You", "Strawberry Swing", même "O" : que des morceaux qui ont su élever Coldplay comme un groupe majeur de ce siècle. Hélas, ici, elles virent à la caricature, elles dégoulinent de miel (cela en est vulgaire). Everglow aurait clairement du figurer sur Ghost Stories, car elle reprend le thème de la séparation Martin/Paltrow. Fun et "Army of One" ressemblent à ces teenage-songs de la fin des années 80, kitsch et ridicules au possible (et je ne parle pas de la parenthèse hip-hop génante de Chris Martin, c'est pas parce qu'on est pote avec Jay-Z qu'on peut se le permettre). Seule Amazing Day sauve les meubles, même si ça reste bien loin de ce que faisait le groupe auparavant. La seule chose qui sauve ici Coldplay (mais c'est triste), c'est qu'ils ont presque 40 ans et non l'âge des 1D: par conséquent, on peut difficilement les taxer de boys band (d'autant plus que, mis à part le chanteur, les autres membres du groupe peuvent se balader tranquillement dans la rue).
Enfin, parlons de l'ensemble (parce que certains albums peuvent être moyens, même avec de très bonnes chansons): ça manque clairement de cohérence. Quand on regarde la pochette et certaines interviews (même s'il y a beaucoup de langue de bois), on peut s'attendre à quelque chose un peu psychédélique, ce qui aurait été une belle prise de risque pour Coldplay. Là, on se retrouve avec le contraire, avec une musique des plus banales, très pop, bref ça ne décolle pas, et on ne s'évade pas. Le seul point commun que je trouve avec le psychédélisme (et donc, en quelque sorte, le LSD): c'est que le rendu est artificiel, sans âme. Là où j'aimais à peu près Ghost Stories (je ne vais pas comparer avec A Rush of Blood To The Head ou X&Y, ça fait bien longtemps que Coldplay n'est plus capable de composer l'album presque parfait, remplissant le cahier des charges à la fois pour la ménagère de 50 ans et pour le lecteur de la "presse spécialisée" ), c'est qu'il y avait un fil conducteur qui reliait les chansons, ce qui masquait partiellement la qualité inégale des chansons. Avec A Head Full of Dreams, on est dans une sorte de bipolarité: on a tantôt des chansons qui semblent joyeuses, tantôt des chansons plutôt tristes (non, je ne crois pas à la douleur comme catharsis), comme si le groupe avait le cul entre deux chaises et qu'ils n'ont pas voulu explorer pleinement l'une des deux voies, ce qui donne lieu à un album bâclé. Enfin, une chose m'inquiète: mais où est le batteur?? En effet, mis à part sur 2-3 chansons, il est remplacé par de simples boîtes à rythme. C'est dommage, car ça donne l'impression que Coldplay ne tourne plus qu'autour de la voix unique et rocailleuse de Chris Martin pour vendre ses disques.
En clair, Coldplay, en ne prenant plus de risques, continue de décevoir de plus en plus afin de plaire aux masses et de vendre le maximum de CDs (ce qui risque d'être dur devant la banalité des chansons qui composent cet album). Même si ça leur suffit pour assurer la mi-temps du Superbowl, on peut se demander si, à long terme, tout le monde ne va pas être fatigué de Coldplay. Si ce n'est pas déjà le cas.
Créée
le 25 déc. 2015
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