Evidemment, un nostalgique du Renaud 75-85 ne pourra plus rien comparer à cette période. Mais quand même, la réconciliation avec le chanteur énervé peut s'opérer. Je connaissais mal (pas) cet album, et dans ma longue pérégrination de la réécoute complète des albums studio du bonhomme, je suis tombé sur de la belle ouvrage.
Musicalement, certes, ce n'est pas original. Mais quand même : il y a un abandon du style FM variétoche, pas cool dans Putain de Camion, pas ouf dans Marchand de cailloux. On va même, sur les premiers titres, vers un peu de blues cajun, cool et bien mené, pour au fur et à mesure, franciser la musique, mais sur un créneau qui me convient, c'est-à-dire gentiment mâtiné d'accordéon, par exemple.
Et puis, quand même de belles chansons : "La ballade de Willy Brouillard", "le Sirop de la rue", ou "Son bleu". Et toujours les mêmes thèmes : la société qui craint, sa fille, les femmes (rarement sa meilleure inspiration, en fait...), et un peu de rigolade aussi. Mais des thèmes qu'il fait évoluer avec son âge, sa vie, la France.
C'est surtout ça, Renaud. Ce gars a une 20aine d'années de plus que moi, et pourtant... Il évolue politiquement, il observe, il tombe, se relève. Il est cabossé et déçu. Le regarder, c'est se regarder. En cela, la carrière de Renaud est fascinante à observer. Je vais continuer.