Sonny Rollins - A Night at The Village Vanguard (1957)
Chacun porte une petite histoire personnelle, son trajet propre, qui lui a permis de découvrir la musique. La mienne a été bercée par la chance, à l’heure encore où les enregistrements étaient rares à posséder et donc à écouter, je suis, un beau jour tombé sur ce magnifique album, une réédition certes, mais un coup de cœur immédiat que j’ai écouté et réécouté de très nombreuses fois, c’était au temps où les achats d’albums étaient moins nombreux qu’il n’y avait de mois dans l’année, c’est dire s’il est passé sur la platine, celui-ci...
Pour moi cet album est absolument parfait, une référence ultime sur le prestigieux label Blue Note et, si habituellement on cite « Saxophone Colossus » comme étant son album incontournable, je lui préférerais, à jamais, « A Night at The Village Vanguard ». Il possède un charme rare, comme pour un bon vin, il se joue du temps et celui-ci ne ne fait que rajouter au plaisir de l’écoute. Bien que chaque note soit mémorisée, elles renaissent avec toujours la même fraîcheur et les émotions remontent comme au temps d’avant.
Il faut dire que ce fut grandiose au village ce jour du 3 novembre 1957, un set dans l’après-midi et un autre le soir même, Sonny au ténor accompagné par Wilbur Ware à la basse et Elvin Jones à la batterie et, pour « A Night in Tunisia », par Donald Bailey à la basse et Pete La Roca à la batterie. La formule du trio possède un impact exceptionnel et l’absence de piano ne fait qu’ajouter à la puissance du leader, qui fait front sans discontinuer. En cette période, Sonny avance avec assurance et autorité, il est alors considéré comme le meilleur au ténor et il le prouve.
Le reste des bandes enregistrées lors de ces prestations sortiront, toujours sur Blue Note avec « More from The Village Vanguard », un double album gorgé de bon son, certainement au niveau du premier. L’occasion également pour le jeune auditeur de se familiariser avec les standards, avec le be bop à son niveau le plus haut, et de rencontrer la musique d’un artiste à son sommet dont les improvisations, audacieuses pour l’époque, portent en germe ce qui deviendra l’avenir du jazz.