Globalement, nous avons une OST très proche de Innocence. Olivier Derivière a su, encore fois, s’imprégner avec justesse de l’essence de A Plague Tale.
Comme le veut la tendance ces dernières années dans les plus grandes productions vidéoludiques - comment ne pas nommer Assassin’s creed Valhalla ? - une importance est donnée à l’utilisation d’instruments caractéristiques de l’époque dont le jeu dépend. Ici, nous ne sommes pas en reste ; le fait d’avoir travaillé avec des instruments authentiques de l’ère moyenâgeuse nous immerge dans le royaume de France du XIVe siècle.
Pas de grand orchestre symphonique, de guitare électrique et autre synthétiser (quoique ?) mais bien un orchestre de chambre qui se joint magnifiquement à une guitare sèche (Guitare Baroque ?) et à une viola de Gamba, pour ne nommer qu’eux. Ensemble intimiste qui rappelle sans nul doute la relation entre les deux protagonistes principaux.
Derivière a particulièrement travaillé sur les instruments à cordes frottées et sur leurs articulations peu communes pour créer une dissonance et une atmosphère qui accompagne l’expérience en jeu avec brio. La tension sur les cordes est comparable à celle que l’on ressent manette en main.
Dans l’approche, nous sommes à mi-chemin entre The Witcher et The Last of Us. Le Luth et la guitare baroque seraient les substituts du Ronroco tant aimé de Gustavo Santaolalla (compositeur principal de TLOU). Ces instruments à cordes pincées ajoutent une touche plus intimiste à certains morceaux et contrastent bien avec l’ensemble lourd et dissonant du reste de la bande son.
D’ailleurs, on remarquera dans cette OST l’ajout de choeurs, par rapport à Innocence. Ce n’est pas hasard puisque cet opus se nomme très justement “Requiem” (chant destiné aux morts). C’était une évidence, en plus de souligner très clairement l’évolution entre les deux épisodes (autant en matière de contenu que d’histoire). L’ensemble harmonique devient grandiose, gagne en maturité, tout en servant le propos du jeu ; s’en est presque “orgastique”.
La musique ne fait plus office d’accompagnement mais contribue à donner une âme et une personnalité à A Plague Tale. Ils sont indissociables.
On sent qu’il y a eu étroite collaboration entre compositeurs et développeurs, qu’une attention toute particulière a été portée au scoring. Il a fallu d’un simple coup d’archet pour faire résonner un leitmotiv fort […] Preuve qu’il y a eu respect mutuel pour leurs arts respectifs.
Néanmoins, hormis le thème principal, on regrettera quand même des thèmes et des mélodies moins marquantes que celles du premier opus, où il en résultait des émotions plus importantes et plus profondes.
En conclusion, nous avons une musique immersive, qui sert le propos et l’ambiance du jeu. Un travail technique irréprochable et une volonté de respecter l’oeuvre (dans un sens ou dans l’autre). Bref une OST réussie, sans aucun doute.
Je vous conseille de visionner cette rediffusion du concert du Estonian Philharmonic Chamber Choir. C’est une pépite. Elle m’a beaucoup aidé à m’imprégner davantage de l’OST pour écrire cette critique.
https://www.youtube.com/watch?v=J6FTmuf-6mY&ab_channel=FocusEntertainment