A World Lit Only by Fire par skacky
Le revoilà, le messie du metal industriel nihiliste par excellence est de retour avec un excellent album ! A World Lit Only By Fire est sans aucun doute l'un des meilleurs albums du groupe qui s'était séparé après la sortie de Hymns en... 2001. Ça fait un bail ! Justin Broadrick, très prolifique musicien officiant dans plusieurs projets (Jesu, Final, Council Estate Electronics, JK Flesh, Greymachine, Pale Sketcher et plein d'autres encore) et Ben Green avaient récemment réactivé Godflesh et joué quelques dates, puis avaient sorti il y a peu le très bon EP Decline & Fall, enchaînant ensuite logiquement sur A World Lit Only By Fire.
Dans une interview récente sur Pitchfork, Justin Broadrick affirmait que ce qu'il avait enregistré avec Ben Green pour cet album aurait pu sortir pendant l'âge d'or du groupe — période Streetcleaner/Pure/Cold World/Selfless — et nous n'y aurions vu que du feu. Force est de constater qu'il a on ne peut plus raison. La production et la musique sur A World Lit Only By Fire est un renvoi direct à ces albums massifs et résolument mécaniques et nihilistes d'autrefois, et ça fonctionne à merveille. Les pistes sont massives, la boîte à rythmes (la même depuis le début !) est dans une folie destructrice glaciale absolue, et la guitare et basse sont tout aussi acérées et hors de contrôle qu'avant.
Les instrumentaux sur cet album sont complètement fous, je pense notamment à des pistes comme Deadend, Shut Me Down, Obeyed, Curse Us All ou Imperator qui tabassent, tout simplement. La boîte à rythmes d'une violence froide assez puissante martèle sans cesse (Deadend est l'exemple parfait) tandis que la guitare et la basse lacèrent les oreilles. La basse de Ben Green en particulier est un vrai monstre, et elle s'entend clairement sur des pistes comme Life Giver Life Taker. Le chant est très classique pour Godflesh, c'est vraiment oldschool et ça fait un bien fou. Malgré la froideur et l'hostilité de l'album, je n'ai pas pu m'empêcher d'arborer un énorme sourire pendant l'écoute. C'est Godflesh, et c'est du grand Godflesh, vraiment très en forme.
Imperator me rappelle FORTEMENT l'excellent Messiah sur l'EP éponyme, on dirait presque une suite. L'instru est en revanche beaucoup plus acérée et incisive, la production sur cet album étant particulièrement soignée. La piste finale, Forgive Our Fathers, ressemble pas mal à Empyreal sur Selfless dans l'approche et le chant rappelle fortement Jesu période Heart Ache, ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire ! On pourrait croire que cet album n'est qu'une suite de clin d'œils aux précédents disques du groupe mais non, je vois A World Lit Only By Fire comme étant plutôt l'aboutissement de Godflesh, une sorte d'apothéose destructrice et industrielle crado. Godflesh renaît de ses cendres.