Wayne Shorter - Adam’s Apple (1967)
Il est difficile de trouver un homme de plume, pas un homme-volant, mais un journaliste par exemple, qui dise du mal de Wayne Shorter. Je n’en ai pas souvenir et, sur cet album, ça n' risque pas d’arriver : il est absolument parfait. Du début à la fin, rien ne dépasse, mais rien ne lâche non plus, juste parfait, étal, ça commence haut, ça continue haut et ça finit haut, en altitude, jamais on ne voit, même de loin, le niveau de la mer.
D’ailleurs il s’écoule dans le registre mid-tempo, ou la ballade, il peut très bien convenir au prélude à la sieste, il saura vous accompagner dans votre sommeil et peut-être même ne vous réveillera-t-il pas lorsqu’il arrivera à son terme. C’est un bon compagnon de songe.
Mais il peut faire mieux, si par hasard, là où vous faites d’habitude votre sieste, se trouve une personne de compagnie et de tendresse, il saura également accompagner vos ébats, avec une entière discrétion, en distillant une atmosphère chaude et sucrée propre au stimuli, so sexy « 502 Blues » … C’est un bon compagnon de la passion.
Mais il peut faire mieux, car c’est également un bon compagnon de route, et, au bout de la route, il peut encore vous rendre des services. Peut-être un virage, ou un glissement, ou toute autre sortie de route inévitable, il saura trouver le ton, lors de la cérémonie, pour apaiser les cœurs et réconforter les proches, ce qui est beaucoup. Et là, tout finit et s’échappe en fumée. C’est un bon compagnon de crémation.
Avec outre Wayne, Herbie Hancock dans le rôle du pasteur, Réginald Workman dans les cordes et Joe Chambers dans le rôle de la lampe.
(Sinon, le dernier titre « Chief Crazy Horse » est un hommage à Coltrane).