Arnaud Dolmen – Adjusting (2022)
Pour rester dans le cadre du palmarès des « Best Of Jazz 2022 » voici celui qui a été élu dans la catégorie « Musicien Français de l’année », c’est Arnaud Dolmen, qui, malgré son nom, n’est cependant pas breton mais batteur guadeloupéen, qui rafle la mise, il est vrai que l’album est beau et se tient.
Sans doute le choix n’a-t-il pas dû être aisé, il y avait du monde au « porte-sillon », mais Arnaud Dolmen a bien mérité sa récompense car l’album ne manque pas de qualités, ce serait de mauvaise foi que d’invoquer ici le copinage !
On reconnaît à Arnaud d’incroyables qualités de batteur, elles sont en valeur ici, sur la totalité de l’album, c’est un régal constant d’écouter son jeu d’une grande maîtrise, d’une pièce à l’autre, très diversifié, jouant des tambours, des caisses claires et des cymbales avec une belle élégance, c’est un axe par lequel on peut écouter ce disque, mais ce n’est qu’un aspect de son talent.
Il est aussi compositeur, offrant à ses musiciens de belles toiles pour s’exprimer, le très demandé Leonardo Montana au piano, Samuel F’Hima à la contrebasse et trois saxophonistes ténor, Francesco Ceminiani, Ricardo Izquierdo et Adrien Sanchez. Hélas à l’écoute du Cd on ne sait lequel des trois souffleurs est à créditer au fil des solos.
Il faut encore ajouter des apports importants par le biais d’invités de poids. L’accordéoniste Vincent Peirani sur « SQN », abréviation de "Sine Qua non", qu’il investit avec autorité. La chanteuse Haïtienne Moonlight Benjamin sur « Ajisteman » aux couleurs caribéennes et Naïssam Jalal, absolument magnifique sur le très beau « Résonnance », une des pièces maîtresses de l’album.
Le dernier titre, au nom troué, « Les oublié.e.s » nous renvoie au « bouladjel » typique de la Guadeloupe, avec ses vocalises particulières venant de la gorge et finissant en une sorte de halètement, une technique de chant typique de la Guadeloupe. Juste une remarque personnelle pour dire que même sans le « .e. » nous aurions compris que les « Oubliés » appartenaient aux deux sexes, non la langue n’est pas sexiste, alors pourquoi la défoncer ?
Après avoir reçu le prix de la « révélation » aux Victoires du Jazz, Arnaud est à nouveau honoré par une belle distinction très méritée.