Faut quand même avouer qu'il partait mal cet album, avec Steffen Kummerer qui se retrouve tout seul pendant que le reste du groupe se tire pour former Alkaloid. Mais vu que Obscura c'est son bébé, Kummerer continue et se trouve de nouveaux bandmates : avec en vue Linus Klausenitzer, le même qui a joué sur le premier album d'Alkaloid. Oups. Viennent compléter ce nouveau line-up Tom Geldschläger (guitare) et Sebastian Lanser (batterie), deux mecs un peu sortis de nulle part.
A première vue, ça a pas l'air très stable comme réorganisation. Mais Kummerer il s'en bat les couilles de ton avis mon pote, et ce nouvel album d'Obscura est un délice, malgré ces péripéties.
Obscura continue donc dans sa lignée, comme si y'avait jamais eu de déserteurs, amenant toujours ce savoir-faire technique qui sert l'ensemble des compositions. On est pas sur de la branlette stérile du type "oh regarde mon solo pompeux qui arrive comme une brique dans la soupe" ou "lol t'as vu on sait faire des mesures pas mainstream".
Alors que le Death Metal est souvent vu comme brûlant de de milles volcans et forgé dans la colère infinie, tout ça tout ça, sur Akroasis on a plus affaire à la douce chaleur du soleil, qui renvoie directement à la pochette et ses agréables tons orangés. Et tout l'album est teinté de cette couleur, peut être que c'est moi qui déconne ou qui associe trop la musique a l'artwork, mais c'est un autre débat.
La rondeur de la basse fretless accompagne avec fluidité le reste des instruments et s’emboîte à merveille avec certains passages très légers, comme les grandioses choeurs de "Ode To The Sun" ou des interludes plus doux que l'on peut entendre sur l'opener "Sermon Of The Seven Suns" et "Ten Sepiroth" (et sur pas mal d'autres morceaux finalement).
Et pour les amateurs de guitare peaufinée, y'en a aussi, vous inquiétez pas. "Perpetual Infinity" et "Fractal Dimension" viennent tout de suite en tête pour leurs magnifiques harmoniques et triturage de manche en tout genre.
Attention quand même, on reste quand même sur du Death Metal, et même si Akroasis est rempli de passages très aérés, on a bel et bien du riff trappu et de la batterie incisive qui jouent sur les contrastes pour aller du cerveau jusqu'aux entrailles. Couplé a la voix de Kummerer qui fait pas dans la dentelle, Obscura ne se perd clairment pas en route à faire un truc trop soft.
Avec presque une heure au compteur, Akroasis est subtilement dosé, et se conclut sur "Weltseele", magnifique morceau d'un quart d'heure qui parvient a susciter l'intérêt en dépit de sa longueur.
Akroasis est équilibré, formant un ensemble généreux et cohérent, délicieux du début à la fin. Le verdict pour moi est sans appel, c'est un 9 sur 10 pas volé, et un album qui confirme la place d'Obscura en tant que figure de proue du genre depuis une dizaine d'années.