Basé à  Bloomington, au fin fond de l'Indiana, Early Day Miners n'a rien du groupe de bouseux imaginé à  la vue de leurs clichés en chemise à  carreaux et bottes de caoutchouc. Et si les guitares, basse et batterie du quintette sont toutes de marque américaine, c'est plutôt du côté de l'Écosse nourricière de Mogwai qu'il faudra chercher son unique source d'inspiration. Quatrième album du groupe, All Harm Ends Here est un disque honnête, très (trop ?) bien interprété et manifestement produit par des gens inspirés, mais qu'on ne parvient pas à  séparer d'un sentiment de déjà -entendu fort gênant. Ces plages de guitares atmosphériques allant crescendo, ces arpèges noyés dans l'écho et ces rythmiques marquées, on les pratique depuis de trop nombreuses années pour succomber une fois encore à  leurs charmes surannés. La langueur que cultivent Daniel Burton, Joseph Brumley et associés rime trop souvent avec longueur : n'est pas Stuart Braithwaite qui veut ! Un peu en avance pour un revival post-rock non-désiré, ces Early Day Miners sont aujourd'hui dramatiquement à  la traîne sur leur temps et devraient rapidement se retrouver en tête de gondole de l'internationale des soldeurs maniaco-dépressifs. Contrairement à  ce que suggère son titre, tous les maux commencent là  pour eux. (Magic)


On le savait depuis déjà quatre albums, Early Day Miners est un groupe très doué. Un groupe très doué qui nÈanmoins laissait l'auditeur légèrement sur sa faim tant on sentait que la belle musique qu'il produisait avait le potentiel d'être encore plus sublime. C'est grâce à un lent et progressif travail de maturation que les compositions de ces Américains ont pris de l'ampleur et viennent de passer dans la dimension de l'excellence. Il aura en effet fallu ce "All Harm Ends Here" pour prendre la mesure du chemin parcouru par ces garçons. Early Day Miners a su transcender un genre musical dont on ne comprend pas toujours très bien à quoi tient la survie, nombre de ses membres se complaisant dans la facilité. Loin d'envisager des morceaux écrits à la va-vite et bourrés de clichés stylistiques, le groupe préfère travailler ses compositions minutieusement, choisissant avec soin l'angle de prise de vue, se donnant un maximum de profondeur de champ, captant au mieux les couleurs et appliquant de subtils filtres. Cette recherche discrète de la perfection donne naissance à neuf diapositives, toutes différentes les unes des autres, qu'il faudra agrandir au maximum pour en déceler toutes les finesses. La richesse de titres tient très certainement en partie à l'intégration dans la formation de deux nouveau musiciens, Matt Griffin (batterie) et Jonathan Richardson (basse). De cette extension du groupe résulte un diamant pur dont chaque facette révèle l'un des talents du groupe sous diverses formes : le calme, la contemplation, la tension, l'électricité et la légèreté. La batterie suit docilement le rythme marqué par des guitares qui, lorsqu'elles s'apaisent, tricotent et s'envolent, comme sur le sublimement aérien "The Union Trade". Certains parleront alors volontiers de musique pastorale. Mais, en rÈalitÈ, plus que de classifications, c'est de superlatifs qu'a besoin cette musique.

On regrettera que l'album dure moins longtemps qu'une mi-temps de football. Les minutes passées en compagnie de ce groupe sont tellement belles que l'on en redemande, mais Early Day Miners prend manifestement un certain plaisir à jouer avec la frustration de l'auditeur. Bien que nous ne soyons qu'au mois de février, je m'avance à dire que "All Harm Ends Here" a toutes les chances de figurer dans mon classement de 2005. (Popnews)


Revoilà les Early Day Miners, pour un nouvel album chez Secretly Canadian pour les USA, et Talitres pour la France. Le bien beau "Sonograph EP" sorti chez Acuarela nous avait entre temps bien fait patienter. Ce EP en quesltion étant relativement posé - même pour du Early Day Miners - on avait pris plaisir à ce slow-core limite ambiant, et on attendait donc le nouvel opus sous cet angle.

Manque de pot, tout en restant subtile et délicate, la musique du groupe laisse ici moins de place aux flottements, et se fait de manière générale un peu plus directe. La nuance est subtile, certes, mais Early Day Miners est un groupe ou tout est histoire de nuances. All Harm et Precious Blood en témoignent certainement.Passée cette petite remarque, comment ne pas succomber au charme de The Union Trade ou de The Way We Live Now ? On retrouve bien là la délicatesse du combo américain, tant au niveau de la composition que de l'interprétation. C'était bien entendu déjà le cas lors des albums précédents; le groupe a parfaitement survécu au changement de deux de ses membres survenu entre temps.
Reconnaissons-le, Early Day Miners est désormais une valeur sure de la scène indie / slow-core, un groupe qui cache de nombreux trésors derrière une facace discrète et sobre. (indiepoprock)

bisca
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma cédéthèque

Créée

le 27 févr. 2022

Critique lue 5 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 5 fois

Du même critique

Industrial Silence
bisca
8

Critique de Industrial Silence par bisca

Vocable à résonance latine et nom espagnol donné à l'Aurore, Madrugada est pourtant un quartette norvégien... Il faut donc chercher ailleurs pour en trouver le sens et l'on découvre immédiatement des...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Roseland NYC Live (Live)
bisca
9

Critique de Roseland NYC Live (Live) par bisca

Portishead, avant tout, c'est un choc. Autant esthétique qu'émotionnel. Celui d'une voix fragile, parfaite avec cette musique hors d'âge et pourtant si moderne. Sur disque, l'alchimie créée par Geoff...

le 12 avr. 2022

3 j'aime

Taormina
bisca
7

Critique de Taormina par bisca

Taormina, perle de la Méditerranée, disent les guides touristiques à propos de cette belle endormie sicilienne, bordée par le volcan Etna. Taormina, perle noire dans la discographie de Murat, dira la...

le 5 avr. 2022

2 j'aime