Charles Gayle Quartet - Always Born (1988)
Voici « Always Born » un album sorti en 1988 en Cd et l’année suivante en vinyle sur le label suédois Silkheart Records. Il est signé par le « Charles Gayle Quartet » et a été enregistré les dix et onze avril 1988, le numéro de catalogue est le « 115 ». Il sera suivi par les deux albums en trio enregistrés les treize et quatorze avril 1988, « Homeless » le numéro « 116 » et Spirit Before le «117 ». Charles est au ténor, partageant les solos avec John Tchicai au saxophone soprano, Sirone est à la basse et Reggie Nicholson à la batterie.
Sur cet enregistrement Charles Gayle s’inscrit avant tout comme un fils spirituel d’Albert Ayler, pas comme un suiveur, ni même comme un disciple, mais il a été très certainement marqué par la force spirituelle d’Albert Ayler, on retrouve en effet dans son jeu cette puissance hyper expressive qui se manifestait dans celui de son aîné.
Ce son énorme et généreux, au bord de l’outrance ou de l’explosivité, ou bien encore ces feulements plaintifs et déchirés, comme si le timbre de son instrument semblait soumis à la torture, sans doute une façon de jouer avec l’embouchure de l’instrument en même temps que d’appuyer sur les pistons. C’est donc sans surprise qu’il s’inscrit dans un registre très lyrique et expressif, tout en improvisant avec une science consommée, dévoilant la blessure.
John Tchicai a connu Albert Ayler, il a joué sur « New York Eye and Ear Control » en 1964 en compagnie du saxophoniste au cœur pur. Il fait l’effort ici de se rapprocher de la hargne de son partenaire et s’avère un duettiste très complémentaire, c’est l’un des attraits indiscutables de cet album, Charles s’avérant lui aussi un alter égo respectueux.
Pourtant celui qui éblouit dans son jeu c’est Sirone, il tient entre ses doigts une grande part de la réussite de l’album, il maintient l’édifice et lui donne des tons qui réchauffent, et l’oreille le suit bien souvent pour ne pas se perdre dans les méandres. Il faut également saluer Reggie Nicholson à la batterie, très énergique et généreux, résolument free, également.
La session suivante en trio sera encore plus émouvante, mais ce qui se passe ici relève déjà de grands moments de l’histoire du free jazz.