8 ans après leur premier album, les Arctic Monkeys reviennent avec AM. Enregistré à Los Angeles et produit par James Ford, ce cinquième disque finit la métamorphose UK/US entamée par le groupe depuis Humbug. Dès les premières secondes, la chaleur du climat californien se ressent et embrase ce savoureux mélange de style (rock, hip-hop, heavy, glam...). Pétri d'influences américaines, AM offre donc une musique beaucoup plus sophistiquée. Chronique d'un album maîtrisé de bout en bout.
Tout commence avec Do I Wanna Know. Le batteur Matt Helders fait déjà des siennes et nous balance un rythme à la limite du hip-hop. S'enchaîne alors un riff monstrueux à la guitare, dont seul Alex Turner a le secret. Puis le refrain, qui vous reste en tête toute la journée... Sorti en juin, ce tube illustre parfaitement les nouvelles influences américaines du groupe. Entre rockabilly et rythmique hip-hop, cette ambiance électrique se retrouve logiquement dans le clip officiel.
Jeu de batterie et riff surpuissants, c'est aussi ce qui fait la force de R U Mine ?. Ce savoureux mélange fût d'ailleurs un des points de départs du disque. Mais l'influence américaine touche aussi aux paroles d'Alex Turner. En effet, l'auteur-compositeur a avoué au NME s'être inspiré de Drake et Lil Wayne pour les "lyrics" de R U Mine ?. Deux tubes pour introduire AM, on en demandait pas tant !
L'album continue avec One for the Road, un titre qui démontre toute l'expérience des Arctic Monkeys. On retrouve en effet un peu de chaque album dans ce morceau. Chœurs aigus, rock sincopé, solo de guitare, participation de Josh Homme au vocal... Les anglais savent désormais ce qui leur correspond le plus. Comme sur Arabella, qui après plusieurs écoutes répétées devient jouissif. Ce morceau heavy à l'apparence anodine prend une telle ampleur lors du refrain... Ça décoiffe autant que du Black Sabbath ! Impossible alors de décrocher, "headbanger" inévitable.
On enchaîne avec I Want It All. Plus lent et rockabilly, ce titre frappe par l'évolution vocale d'Alex Turner. Moins attaché à ses racines, l'anglais devient un véritable crooner. Le genre de gars qui récolte tous les honneurs aux soirées. Comme sur No.1 Party Anthem, hymne mélancolique qui rappelle la BO de Submarine. On se voit enfant, dansant un slow avec notre amour secret. Le moment semble fragile mais vous restera dans la tête toute votre vie...
Même ambiance calme sur le morceau pop Mad Sounds. Loin de la grisaille de Sheffield, les anglais touchent une sonorité west coast avec des "ooh-la-la-la" charmeurs. Une ballade loin d'être naïve et qui rappelle fortement Lou Reed.
Changement de rythme avec le tribal Fireside. Ce titre réussit à vous retourner la cervelle par son ambiance psyché. Un moment de grâce hypnotisant et envoutant. Gros coup de cœur donc, qui ouvre la voie à une autre pépite : Why'd You Only Call Me When You're High. Tout simplement : comment ne pas fondre face à ces notes piquées et ce flow diablement entraînant ?
Et puis là, c'est la grosse claque. Oh mon dieu que ce Snap Out of It est bon ! Piano 70's, rythmique étonnamment groovy, refrain accrocheur... Les Monkeys nous offre un morceau soul vintage absolument génial ! Un remède contre le blues de la rentrée : écouter ça en boucle pendant tout le mois de septembre. Vous verrez, ça ira tout de suite mieux ! Même recette utilisée sur Knee Socks avec des chœurs aigus. Ça commence à être un peu redondant... jusqu'à ce que Josh Homme vienne poser un flow disco frais comme la rosée du matin ! La rythmique s'enflamme alors et sauve ce titre.
Toutes les bonnes choses ont une fin. Pour Favourite Worst Nightmare, c'était "505". Pour AM, ce sera "I Wanna Be Yours". Le parallèle entre les deux morceaux est évident, l'un étant la version rock US de l'autre. Beaucoup de mélancolie donc, mais qui permet de finir cette écoute avec le sourire.
Loin de la nervosité des premiers albums, les Arctic Monkeys réussissent parfaitement leur métamorphose. AM adopte un ton plus sophistiqué, plus arrangé. Comme un fil conducteur, les chœurs suivent les différents styles et la voix d'Alex Turner. Audacieux, mais parfaitement réussi.