Evolution de la constante

Arctic Monkeys, c'est un groupe que j'adorerais aimer. Les types, malgré leur succès précoce, n'ont eu de sens de bousculer leur musique. Et ça, je l'admire et je le recherche dans un groupe de musique. Bien sûr, il ne s'agit pas chez eux de changer radicalement de son et de style d'album en album, mais il est évident que de nouvelles influences et idées de production vont diriger chacun des 5 opus du groupe. Sur cet AM, il est par exemple remarquable que le hip hop, déjà présent dans Whatever People..., prend un part plus importante du processus de création (Why'd You Only Call Me When You're High?, Do I Wanna Know?), jusque dans la typographique des titres (R U Mine?). AM puise aussi un peu plus dans la soul et la pop (au sens large) que les précédents albums du groupe (Mad Sounds, Snap out of It). Mais est-ce que cela fonctionne ?

Et c'est bien là tout le problème. Nul doute qu'on pourra apprécier cette orientation et cette variété d'ambiances entre les styles déjà cités et le rock au riff mélodique et puissant (Do I Wanna Know?, I Want It All) qu'ils maîtrisent depuis quelques albums. Mais comme The Black Keys avec Brothers et surtout El Camino, on pourra tout aussi bien trouver l'ensemble plat, manquant de saveur, voir d'honnêteté. La production, très proche des standards pop de notre époque (et même si elle est adaptée à la composition), aura vite tendance à manquer de relief. Bien que je reconnaisse ses qualités, AM passe sur moi comme une douce brise à 23° au soleil. Rien ne m'interpelle, rien ne m'attire, bien que rien ne me repousse totalement non plus (à part l'horreur finale I Wanna Be Yours). Une fois de plus, Arctic Monkeys évolue sans jamais trop s'écarter de leur point initial, un peu comme l'onde sonore (que la pochette illustre) qui, quelque soit son amplitude ou sa fréquence, finira toujours par revenir à sa valeur initiale, même si c'est pour un instant. Une petite déception qui ne m'empêchera pas d'attendre le prochain album avec une certaine envie.