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An Act of Love
6.5
An Act of Love

Album de Earthen Sea (2017)

An Act of Love est un oiseau de la nuit. De ses sonorités arides et brumeuses, se prélassent des tumultes intérieurs. Alors que les premières secondes retentissent par le spectre d’un drone confiné, c’est tout un monde nocturne qui se dessine devant nos yeux. Des rues vides, ces routes engoncées sous les néons, une zone urbaine abandonnée ou surpeuplée, c’est au choix. Earthen Sea est un architecte mental, qui au travers de basses lourdes de pesanteur, nous plonge dans un décorum ténébreux.


L’ambient est une musique qui immisce une ambiance bien singulière, mais pas seulement. Ces boucles qui se répètent presque ad vitam aeternam sont une possibilité de raconter une histoire. A l’écoute de la première piste, « The Present Mist », une panoplie de rêveries immerge de ce magma cotonneux, de cet ambient linéaire et introspectif.


Dans ces songes, des souvenirs remontent à la surface : on y retrouve la pluie de Blade Runner, l’Ecosse isolée d’Under the Skin ou l’incandescence tokyoïte d’Enter The Void. Earthen Sea est sombre, humanise ses sentiments mais déshumanise sa projection musicale pour créer un univers aussi incarné que décharné. La plus grande partie de la partition se compose de synthés aigus flottant dans l'air, leur mouvement observe une dérive constante plutôt qu’une agitation mélodique.


De ce drone qui rentre dans l’âme comme un poison mortel, Earthen Sea diversifie son tempo. Le groupe joue sur plusieurs tableaux et accentue l’anxiété d’une musique retranchée sur elle-même. Avec « About that Time », les beats d’une deep house se lancent à la poursuite d’une transe lancinante. Malgré cette variation, An Act of Love est toujours sous le toit de cet épais amas de nuage drone, d’une classe assez rare, qui bien évidemment, rappelle le travail fantastique de The Sight Below. Dans l’imagerie qu’essaye d’insinuer Earthen Sea, la cinématographie n’est jamais très loin.


Avec cet électro lymphatique qui se désagrège sous nos pieds (« Delicately in the Sunlight »), c’est un monde mental qui se construit. C’est une invitation aux idées nébuleuses, où l’inconscient se réveille pour dévoiler ses recoins les plus tumultueux. Un voyage onirique qui se bâtit pièce après pièce. Mais An Act of Love n’est pas qu’une odyssée silencieuse, l’album est aussi agité par une envie d’en découdre, d’un esprit club environnant, avec cette volonté de faire rejaillir sa sensualité à travers une rythmique plus séductrice (« Exuberant Burning ») et ses beats à la Andy Stott.


Durant ses moments fugaces, on réfléchit, on ressasse ses soirées ombrageuses avec une techno aérienne proche d’un artiste tel que Cubenx (« The Flat 1975 »). L’œuvre est courte, elle comporte seulement 8 morceaux. Mais cela est amplement suffisant pour nous agripper et entrer en pleine communion avec la musique aussi alambiquée que monolithique de Earthen Sea. Ce dernier questionne son approche à propos de l’étroite limite entre la psyché et le ressenti qui voit naître cette douce sensation d’apaisement après le désordre.

Velvetman
8
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le 20 mars 2017

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Velvetman

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