http://funkyoudear.com/2011/03/22/the-strokes-angles/
Il y a 10 ans, Julian Casablancas et sa bande enregistraient leur premier album : Is This It ? Désinvoltes, nonchalants et surtout très unis. « Unis contre tous » : ils avaient l'audacieuse volonté de faire une musique qui ne sonne comme rien de ce que l'on pouvait entendre à l'époque.
Depuis, ils en ont fait du chemin et après First Impressions Of Earth (2005), tous sauf Nick Valensi se sont adonnés à des projets parallèles.
Alors que Room On Fire sonnait comme jumeau (décevant) de Is Ths It ?, le groupe manifesta un réel effort de renouvellement avec First Impressions Of Earth. Des titres comme Juicebox et Razorblade pouvant presque être des titres d'un autre groupe.
Toujours est-il qu'ils sont tout trois d'une grande cohérence et qu'ils font partie de ces rares albums parfaits où aucun titre n'est à jeter.
On ne pourra pas en dire autant de Angles. Non seulement il manque cruellement de cohérence, mais de plus, il est vraiment inégal.
En effet, Angles porte bien son nom. Chacun des cinq membres a apporté sa touche avec son propre angle d'approche. Et si le groupe a toujours composé ainsi, Julian restait le leader et ses idées avaient le plus de poids. Il a donc choisi pour ce quatrième album de prendre de la distance espérant ainsi laisser plus de place aux initiatives de chacun. Tellement distant qu'il ne s'est même pas montré en studio lors des sessions d'enregistrements. Il a enregistré sa voix dans un autre studio envoyant les pistes par voie digitale au groupe avec de très vagues commentaires sur ce qu'il pensait des titres. Il a reconnu après coup qu'il n'aurait jamais laissé certains éléments s'il avait été présent.
Nick Valensi appréciait déjà assez peu l'idée que ses camarades sortent des albums solos, estimant que la priorité devait être le groupe, et que tout matériel devait d'abord être montré au groupe. Qu'un projet solo aurait un sens si il s'agissait de « restes »: de choses non utilisées par le groupe. Il a donc très mal vécu la prise de distance de Julian.
Résultat des coures, le chant de Julian manque d'énergie. Il s'est toujours montré désinvolte, mais on l'a connu plus investi.
Angles comporte tout de même de très bon titres. Taken For A Fool, signé Valensi est largement digne des Strokes qu'on a tant chéri. Il en va de même pour Machu Picchu et ses guitares cuivresques. Life Is Simple In The Moonlight et Games s'écoutent beaucoup plus difficilement et les étranges tentatives sonores de violons-synthé, de reverbs sur la caisse claire et autres envolées digitales en deviennent embarrassantes. Il est agréable de retrouver les jeux de question/réponse des guitares de Nick Valensi et Albert Hammond, Jr. sur des titres comme Under Cover Of Darkness et Taken For A Fool. On retrouve des influences 80′s: on pense aux Cure ou même aux Pretenders sur Two Kinds Of Happiness.
A l'exception de You're So Right et Metabolism, l'ensemble de l'album est plutôt léger et joyeux, à l'image des couleurs de la pochette. L'ensemble de l'album ne se tient pas vraiment. Trop sucré, Angles s'avère écoeurant et indigeste. Un deux titres Machu Picchu / Taken For A Fool aurait peut-être été mieux.