Animosity par Claire Magenta
Formé au début des 80's en Caroline du Nord, les Corrosion of Conformity, comme je l'ai déjà maintes fois écrit par le passé, n'ont pas toujours officié dans un registre metal sudiste, bien au contraire. En 1983, les C.O.C. sortent leur premier album Eye for an Eye avec comme line-up: Eric Eycke aux vocaux, le bassiste Mike Dean, Woody Weatherman à la guitare et Reed Mullin à la batterie.Musicalement l'album rappelle les débuts d'un D.R.I, un hardcore collectionnant les morceaux punks où l'agressivité se conjugue avec rapidité et durée expéditives (environ une minute chacune).
En 1985, le bien nommé Animosity nous montre un Corrosion au rang serré, Dean se plaçant derrière le micro pour les vocaux avec Mullin en appui, Eric Eycke ayant quitté la jeune formation sudiste. Ceci dit en devenant désormais un trio, C.O.C. a paradoxalement étoffé sa musique... ou plutôt épaissi. La nouvelle scène extrême de la côte ouest ni étant pas étrangère, Animosity surprend immédiatement par son nouveau son. Et en effet dès les premières secondes, l'affiliation avec Kill'em All parait dès plus évidente. Et pourtant, si Loss For Words rappelle le son abrasif du premier Metallica, C.O.C. reste ancré dans un hardcore des plus féroces, des plus compacts aussi à la fois menaçant et terriblement groovy. Animosity est dès lors et à juste titre considéré comme un des monuments du crossover naissant... genre ne résumant pas à un style bâtard chez C.O.C, soit une formation hardcore masquant ses lacunes par un mur de guitares thrashy (un des reproches récurrents qu'on peut donner à D.R.I. par exemple).
A ce titre, Animosity a la particularité d'avoir deux faces bien distinctes, les enregistrements datant de sessions différentes. Autant la face A se veut massive, lourde autant la face B rime avec crudité et férocité. Une face A sonnant metal et une face B sonnant plus punk en somme? C'est un raccourci caricatural mais au niveau du son on n’en est pas loin, il faut le reconnaitre. De même, les morceaux de la face B se veulent plus proche des débuts de C.O.C., plus primaires et plus bruts... A croire que la face A représente le nouveau versant de C.O.C. et la face B la transition. En tout cas à l'écoute de cet album on peut tout de suite affirmer que la prestation vocale de Dean est des plus convaincantes comparé Eric Eycke. Dean se veut plus expressif et enragé, bref une belle source d'inspiration pour les plus jeunes tel que Mike Patton par exemple (voir la vidéo jointe). Autre point, la cohésion entre les musiciens et en matière de power trio, ce genre d'indice ne trompe pas comme le prouve le dernier morceau l'éponyme et instrumental Animosity. De même les qualités individuelles n'ont pas à rougir: un batteur qui ne résume pas son instrument à un rythme binaire, un bassiste tout de groove (plutôt rare pour du hardcore s'il en est à cette époque) et un guitariste dont les interventions devraient satisfaire les admirateurs de thrash.
L'album hardcore de 1985 et sans conteste le meilleur de Corrosion of Conformity première période.