Il fallait écrire sur ce jaillissement qui se fracasse en mille morceaux, de par les certitudes encrées dans nos visages. Il fallait écrire sur ce flot d'une musique ample, sincère, qui vomit son flot d'existence à la gueule du monde, comme si plus personne n'en avait plus rien à foutre des règles, des normes, des conventions établies avec soin pour un monde qui ne demande qu'à s'étendre, à devenir, à être. Il fallait écrire sur ce désespoir sans nom, vie qui vibre, envol constant, mélodies qui tout le temps, ne cessent de provoquer l'envol considérable d'un oiseau qui ne cesse d'être ce qu'il est.
L'être humain qui plane, en lévitation sur la lune. C'est ce que l'on est. Terre qui n'est plus Terre, les pieds qui ne touchent même plus le sol. En apesanteur, l'être humain ne connait plus la gravité. La tête dans les nuages, il rêve. Voix angélique qui accompagne les illusions, cerveau brumeux de brouillard.
Parce que ça plane, de tout côté. Parce que ça jaillit des confins de la tête pour se fracasser dans le crâne humain, cerveau qui reçoit en pleine face ce fracas d'insolence, alors qu'il n'avait rien demandé à personne.
Parce que l'extase pure, viscérale, ne vient pas tout de suite. Parce qu'il nous faut attendre. Encore. Parce que, alors même que l'on attend, les sons se transforment, deviennent translucides, évolution dans les ténèbres, fourmillements incessants de sonorités indescriptibles pour nos oreilles qui n'entendent plus rien.
Parce que de rien, il n'y a plus.
Tout est transformé en extase, brouillard, jubilation jubilatoire, foultitude d'émotion, jaillissement d'existence. Magie, envoûtement, sidération.
Il nous faut prendre notre temps. Écouter ça petit à petit. Prendre le temps de tout ressentir. Laisser l'émotion être, pour que l'émotion dépasse ainsi son propre entendement. Pour que l'entendement ne devienne plus rien, qu'une loque parmi le monde, une chose indescriptible, sans nom. Les connaissances effritées au profit des sens. Les sens nous fournissant l'entièreté de nos connaissances, parce que à cet instant précis, au même moment où nous écoutons Anonymous Rejected Filmscore de John Murphy, nous vivons.