Vous vous rappelez cet été, 2002 ou 2003 probablement, celui où votre maman vous a offert une barbe-à-papa de chez le marchand de la foire du village ? Mais si, vous lui aviez rabâché les oreilles avec cette barbe-à-papa. Il ne lui restait quelques euros en poche, elle a finit par capituler en vous l'achetant, après vous avoir bien fait signaler de ne rien dire à votre petite soeur qui piquerait une crise de jalousie si elle apprenait que vous avez reçu ce précieux en-cas. Vous avez mordu à pleines dents dans ce nuage de bonbon rose, puis léché vos babines enduites de sucre fondu. Vous glissez un sourire malicieux à votre mère, qui vous le rend tendrement. Vous êtes sur le chemin de la maison, l'école reprendra dans quelque jours. Les dernières lueurs du soleil éclairent vos visages complices, la température ne descendra pas en dessous de 25° en cette soirée d'août. Un chat passe, les commerçants rangent leur terrasse, les forains ferment leur étalage. Vous ne vous rendez pas compte du bonheur que c'est d'être un enfant. Mais vous gardez souvenir de ce moment d'intimité et de plaisir, il est ancré dans votre mémoire depuis une dizaine d'années maintenant. Le temps de l'insouciance et de l'innocence. Chaque été, vous savourez ce souvenir : vous repensez à la barbe-à-papa, vous repensez à l'angoisse de reprendre les bancs de l'école, vous repensez au rire éblouissant de votre maman vous regardant dévorer votre friandise, vous repensez à l'odeur des croustillons qui embaumait les rues de votre village. Aujourd'hui, l'enfance s'est éteinte depuis bien longtemps, et l'adolescence touche à sa fin. Vous êtes en fin de parcours universitaire, voire vous entamez votre vie active dans une start-up prometteuse. Nous sommes début septembre, vous tombez par hasard sur ce groupe qui méconnait l'orthographe correcte du mot 'always'. Le bouton play est enclenché, In Undertow se met en route. Trente minutes se passent. Forget About Life s'étouffe dans ses dernières notes de guitare. Vous ne vous rappeliez peut être plus de ce soir d'été avec votre maman à manger cette barbe-à-papa, mais étonnamment, le souvenir a refait surface. Antisocialites était une madeleine. Chaque mot délivré par Molly Rankin était une bouchée de plus dans cette barbe-à-papa. Le geste de votre douce mère était simple et modeste, il ne coutait que trois sous. C'était peu, et pourtant c'était tout. Ce moment futile vous a réchauffé le coeur, et ressasser ce souvenir le réchauffe pareillement. A la manière des chansons que vous venez d'écouter.
PS : merci maman