Ma fascination pour Arca croît désormais de jour en jour. Alors que Xen et Mutant me répudiaient au plus haut point, alors que l'incompréhension se dressait devant moi face aux critiques élogieuses de &&&&& et Entrañas, je n'avais qu'un seul souhait : faire partie des privilégiés qui étaient en phase avec les productions soi-disant divines de cet extra-terrestre musical. Je manquais quelque chose à en croire l'engouement généré par ses projets. Arrive alors cet album éponyme. J'étais persuadé qu'en mettant en avant plan la voix céleste d'Arca, Alejandro Ghersi de son vrai nom, quelque chose allait combler ce qui m'avait toujours manqué dans sa musique. Et j'ai eu raison.
La voix d'Arca, légère et sensible, s'est révélée être touchante. Poignante. Désarmante. On dit que ce serait Björk, durant les sessions d'enregistrement de Vulnicura, qui l'aurait incité à s'essayer au chant. Les morceaux sont tous très solides également. Ils sont doux, tristes, moites, à l'opposé de la brutalité, de la cacophonie - parfois extrême pour ma part - de ses sorties précédentes. Les nappes de synthétiseurs séraphiques se noient entre les complaintes féeriques du vénézuélien. L'album ne montre jamais une once de faiblesse, les morceaux s'enchainant tour à tour avec la même qualité attendue.
Arca a gagné ici un pari risqué, celui de sortir l'album le plus personnel qu'il pourra sortir de toute sa carrière probablement. Je n'ose même pas regarder les paroles : le falsetto en langue espagnole d'Arca scintille d'une beauté telle qu'il me plaît à imaginer moi-même ce que renferme la signification de ces mots étrangers. Je me doute qu'ils exaltent d'une passion charnelle, d'une sexualité hermaphrodite sans pudeur ni limite, à l'image de sa musique. Mais le chant de ce musicien sud-américain n'a nul besoin d'être interprété pour qu'il ne me touche moi. Non. Laissez-moi m'enrober de ce mystère.