Aretha Now
8.1
Aretha Now

Album de Aretha Franklin (1968)

Aretha était à la fin des années 60 dans une période de créativité intense, depuis sa signature chez Atlantic. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, tout ce qu’elle touchait se transformait en or et elle n’usurpait en aucune manière son surnom de Reine de la Soul. En 1968, 6 mois à peine après son classique « Lady Soul », elle récidive avec ce «Aretha Now » rempli toujours des morceaux de choix et continue de creuser son sillon royal dans l’histoire de la musique populaire, dépassant tous les clivages et toutes les tentatives d’étiquetage. Encore une fois elle est entourée par la crème des musiciens de Muscle Shoals (Spooner Oldham, Bobby Womack, Roger Hawkins…) ainsi que les chœurs des Sweet Inspiration (pour la touche gospel), réunis par le maître d’œuvre de génie, Jerry Wexler ainsi que Tom Dowd derrière la console du son. Histoire de mettre tout le monde d’accord, la Diva Soul balance d’entrée un « Think » qui entre dans les annales et vous cloue littéralement sur place. Tout est là, l’énergie monstre de la voix impériale, une rythmique implacable. Elle est suivie par un autre chef d’œuvre mais là, dans le genre ballade, « I say a little prayer ». Bon, là, on est déjà séduit depuis longtemps et on sait que cet album entre dans la catégorie des grands, très grands, même s’il n’a pas tout à fait eu le retentissement de son prédécesseur. Après cette entrée en matière plus que goûteuse, vient le plat principal, et il est du même tonneau : Steve Cropper signe « See Saw », un pur concentré d’énergie soul sudiste. Aretha reprend « I take what I want » de Hayes et Porter, ainsi que « Night Time is the right time » avec des accents jazzy gouleyants. L’hommage à Sam Cooke à travers « You send me » est délicieux. Aretha réussit à s’approprier chacune de ces chansons. On monte la température avec « You’re a Sweet Sweet Man » et « Hello Sunshine », bien épicés. Le dessert, lui, est fondant à souhait avec « A Change » aux accents gospel (on y revient toujours avec Aretha) et « I can’t see myself leaving you » qui sera un des tubes de cet album en 45 tours. La performance d’Aretha est une nouvelle fois magistrale et aucune chanteuse ne pouvait dans ces années-là rivaliser avec elle (et des chanteuses talentueuses, il y en avait alors !). Aretha se trouve tout simplement hors de toute catégorie. Dans cette série d’albums des années 67-68, tout semble cool, facile, ne donnant qu’une envie, celui de se lever pour danser. Mais on sait aussi que derrière, il y a un travail monstrueux. Un de plus dans la série des albums indémodables.

JOE-ROBERTS
9
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le 17 sept. 2024

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