A l'aube des années 70, la grande époque de la bossa nova de Gilberto et Getz semble loin. Et même si ces mastodontes que sont ce bon Jao, sa femme Astrud ou encore Antonio Jobim persistent dans leur production musicale, le temps semble bel et bien passé. Ces 70's voient émerger au Brésil tout une génération dorée d'inventeur et de réinventeur du jazz brésilien et de la bossa nova. Que ce soit le "déja bien installé" Jorge Ben Jor et ses standards ultimes du genre, Chiquo Buarque et son éternel "Construçao", Marcos Valle et son très beau "Previsao do tempo" ou encore Milton Nascimento/Lô Borges et leur Clube de Esquina, le pays de Zico est en plein ébullition. Et comme pour ce dernier, l'héritage de leurs ainés ne leur fait pas peur et ils vont souffler un vent de renouveau en déchaînant les codes bossa nova.
Arthur Verocai est un de ceux-là, reconnu par ses pairs (avant la sortie de son disque) pour ses travaux auprès de Jorge Ben Jor, Marcos Valle ou Gal Costa. Se considérant lui-même comme "un enfant de la bossa, il est, en plus d'être chef d'orchestre, un fin connaisseur et amateur de musique funk, alors elle aussi en plein chamboulement à la fin des années 60 puis début 70. Son attirance pour le jazz de Miles, le rock de Zappa vont créer avec sa bossa nova, un mélange artistique dévastateur et sublime.
Son premier album éponyme est un joyau méconnu, magnifique mix des goûts de l'artiste. On y retrouve des guitares ainsi que des cuivres soul/funk, un apport de musique éléctronique, des rythmes pûrement bossa nova et des petits détails comme des percussions, de la flute traversière ou bien du clavier qui, à l'oreille, arrondissent le son. Ces petits détails en fond et ces influences funk/jazz rendent le tout ahurissement beau, totalement innovant et unique en son genre.
Un de ces albums que tu pourrais écouter jusqu'à la fin des temps et quand même t'émouvoir à chaque fois. Un disque dont il faut perpétuer l'écoute et l'art, tant il est à part et précieux. Avec cet unique album en plus de 30 ans, Arthur Verocai a fondé sa légende. Celle d'un génie sans gloire, en tout cas pas avant la reconnaissance de son oeuvre à partir des années 2000 en Angleterre ou aux USA.
Au pays du football et de la bossa nova, Verocai s'est hissé au niveau des grands compositeurs de son pays avec des collaborations fructueuses aux côtés des grands noms de l'industrie brésilienne, et avec cet unique album, il nous hisse avec lui au niveau des étoiles, dont nous ne redescendons jamais vraiment.