Malgré leur insistance que leur nouvel album ne serait pas seulement une suite logique de Slaughter of the soul, At the Gates devait se douter que les fans de la première heure déçus par la sortie de cet album mythique ne reviendrait pas sur leur opinion. En 1995, la sortie de Slaughter of the soul marquait la fin d’une époque bénie pour le death metal suédois et concluait la première vie d’un genre dominé aujourd’hui par In Flames et Dark Tranquility et non plus par Entombed, At the Gates ou Dismember. En introduisant dans le monde du death old school des riffs thrash et une production massive, At the Gates marquait la fin des pelerinages obligatoire vers le studio Sunlight pour obtenir le son à la Entombed et le début de l’obsession pour les mélodies à la Iron Maiden mélangé à du thrash allemand et à un accordage rappelant vaguement le death metal des années précédentes.

At war with reality porte donc bien son nom tant il est en opposition aux deux factions actives actuellement. Tandis que de jeunes groupes font revivre le son des premières années de la scène de Stockholm et que des formations vieillissantes tels qu’In Flames ou Soilwork continuent de produire des disques vaguement metal, At the Gates retourne au son de leur dernier album studio pour écrire un album à mi-chemin entre les mélodies sombres de With fear I kiss the burning darkness et les riffs massifs et épiques de Slaughter of the soul. Un compromis qui n’en est pas un puisque le résultat ressemble surtout à une suite logique de ce dernier album plutôt qu’à un retour vers leurs racines death metal.

Après une introduction inutile mais heureusement dénuée de cliché pompeux, les riffs de Death and the labyrinth évoque les débuts du groupe comme un clin d’oeil persistant aux vieux fans. En revanche, ce n’est pas pour rien que le producteur d’At war with reality est le même que sur Slaughter of the soul. Qu’importe les riffs, le son de Fredrik Nordström fait toute la différence et plante le décors encore plus qu’un titre comme Conspiracy of the blind qui pourrait être une face B de Slaughter of the soul.

De plus, même si le dernier album de The Haunted a tenté de faire oublier aux fans sa période trouble vers un metal plus pop et moins thrash en compagnie de Peter Dolving (MaryBeatsJane), il reste des traces de ces expérimentations mélodiques dans le son même de ce nouvel album d’At the Gates. Même si la voix de Thomas Lindberg, toujours aussi en forme, et la production massive rattachent bien l’intro Order from chaos ou le riffs principal de Heroes and tombs au son d’At the Gates, ceux ci auraient pu faire partie de chansons composés pour The dead eye. Même si les morceaux d’At war with reality auraient pu être enregistrés deux ans après ceux de Slaughter of the soul si le groupe ne s’était pas séparés, il nous est impossible de réécrire l’histoire et les musiciens ne peuvent pas oublier tout ce qu’ils ont écris et joués pendant l’écart de dix neufs ans qui sépare Slaughter of the soul d’At war with reality.

Néanmoins, la promesse d’un album fidèle à l’esthétique d’At the Gates est exaucé tant le charme opère sans effort pour peu que l’on ait pas cessé d’écouter avec admiration ce fameux dernier album. Pour les vieux fans, circulez, il n’y a rien à voir. La trahison commise par At the Gates envers le style suédois à l’ancienne ne trouvera pas réparation sur ce nouveau disque. Pire encore, on peut même dire que le groupe enfonce le couteau dans la plaie et le remue encore un peu plus en rendant leur son encore plus mélodique qu’auparavant. At war with reality n’est toutefois pas un album d’In Flames, même de l’époque pré-Clayman, et encore moins un album de Soilwork ou de The Haunted. At the Gates en 2014 sonne presque comme At the Gates en 1995 et c’est déjà bien.
Hororo
7
Écrit par

Créée

le 25 nov. 2014

Critique lue 204 fois

2 j'aime

Hororo

Écrit par

Critique lue 204 fois

2

Du même critique

Tokyo Vice
Hororo
9

Un américain chez les yakuzas

J'ai découvert Jake Adelstein par Warren Ellis, le scénariste de comics et romancier anglais, vantant ses mérites de journalistes comme l'un des grands de notre époque. Plus tard dans les bonus du...

le 17 avr. 2012

14 j'aime

Inside Job
Hororo
8

Le four de Winding Refn

Incroyable que ce film ne soit pas plus connu dans la filmographie de Winding Refn. John Turturo y incarne un agent de sécurité dans un mall du Nord des Etats-Unis dont la femme a été tué pour des...

le 26 juin 2011

13 j'aime

Venom
Hororo
6

Tom Hardy a la rescousse

Incroyable mais vrai, il y a encore des gens pret a produire des films dont le script semble tout droit sorti d'un film de super-heros des annees 90. Pas d'univers Marvel, pas d'autre gros mechant...

le 4 oct. 2018

12 j'aime

3