Heures perdues/Heures gagnées
C'était un samedi après-midi. J'étais à l'appartement, profitant dans ma chambre du soleil filtrant par la fenêtre. En bas, au quatrième étage, le groupe de space rock répétait encore. La basse faisait vibrer le plancher. Sur le toit, le vent faisait vibrer une canette qu'un ivrogne avait sans doute laissé là hier. De mon appartement, on entend tout. Il est perméable.
J'ai appelé Lisa, mon amie française, pour qu'elle vienne passer l'après-midi à la maison. Mon syndrôme de Tourette nous intrigue un peu, tous les deux, et on s'est dit qu'on enregistrerait ce que je dis inconsciemment pour en faire de la musique, un jour - ces mots, ces phonèmes doivent bien traduire quelques-unes de mes impulsions créatrices, après tout. Lisa m'a enregistré pendant 48 minutes, en traduisant ce que je disais en français, je crois. Mais ça avait tout l'air d'une thérapie. Comme je ne parle pas français, je ne savais pas si elle traduisait mes paroles ou si elles me parlait. C'était un bel après-midi.
Je lui ai proposé de faire un montage et d'en garder quelques minutes. Elle m'a dit "je vais tout garder". Je n'ai pas compris ce qu'elle a dit, puisque mon français est médiocre, mais elle a tout gardé. 48 minutes d'introspection douce. Un souvenir entier d'après-midi qui naît du hasard et de l'inconscient.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.