Avi Buffalo
7.2
Avi Buffalo

Album de Avi Buffalo (2010)

Certains jeunes sont rassurants. Ils aiment Muse ou les BB Brunes, beuglent du Radiohead avec d'effarantes voix de crécelles pour tenter de serrer sur la plage et déversent leurs états d'âmes monosyllabiques sur des Skyblogs dont la mise en page ferait passer le site SNCF pour une oeuvre d'art (cher jeune, ne t'offusque pas : ces lignes sont empreintes de compassion, sache que nous avons été jeunes aussi...). D'autres jeunes sont exaspérants, développent une culture musicale écœurante, écrivent leurs propres morceaux et affichent à la face du monde un talent des plus insolents. Autant dire que s'ils n'étaient pas responsables d'un album jouissif, on aimerait bien envoyer quelques baffes aux quatre Californiens impudents d'Avi Buffalo. Un concentré de bonheur et d'enthousiasme fougueux : c'est la recette toute simple et pourtant irrésistible que nous proposent ces blancs-becs avec un premier album plus gorgé de soleil qu'une orange dans une réclame Tropicana. Une véritable cure de jouvence, portée par le stellaire , chanson du siècle de l'année et single tellement lumineux qu'il expliquerait à lui tout seul le réchauffement climatique.Dans l'esprit, on pense au premier disque du Spinto Band, pour cette juvénilité assumée, revendiquée et cette inconscience aveugle qui incite à toutes les audaces. Sur la forme, moins remuant que le Spinto Band, Avi Buffalo lorgne plutôt avec insistance du côté de la pop sixties avec grand renfort de psychédélisme. Guitares carillonnantes et choeurs à gogo agrémentent ainsi une collection de vignettes plus débordantes de soleil qu'un rosé de Provence. Les critiques, généralement plus que laudatrices, ont souvent mis en avant la voix encore juvénile mais déjà captivante du leader Avi Zahner-Isenberg, ses paroles qui fleurent bon la sortie de l'adolescence, les hormones et les pollutions nocturnes. Outre une évidence aisance mélodique, on signalera également que les parties de guitares œuvrent beaucoup pour le charme de ces chansons. Avi Buffalo construit ses comptines en s'appuyant sur des arpèges à la fois lumineux et flous, des entrelacs de six-corde complexes et pourtant porteurs d'une certaine approximation touchante, comme si ces cascades de notes n'étaient que le fruit d'une fugace coïncidence. On retrouve ainsi dans certains solos (en particulier celui, magique, de ) la virtuosité pataude de Jay "Otarie On Ice" Mascis, miraculeux amalgame de lourdeur et de fragilité. Qu'importe donc si, après un début d'album époustouflant, quelques titres en milieu de parcours montrent un certain essoufflement : le final, avec le sublime (une de ces chansons dont on aimerait qu'elles ne finissent jamais, ce qui tombe d'ailleurs assez bien puisqu'elle ne s'achève qu'après plus de sept minutes) puis le poignant , emporte nos dernières réserves. Il est encore trop tôt pour savoir si cette tocade survivra à la saison ou si cette petite romance ne passera pas l'été, si ce groupe saura mûrir avec élégance ou s'il rejoindra la très longue liste des "groupes d'un disque" (comme on pourrait parler d'un coup d'un soir) : pour l'instant, Avi Buffalo est un véritable coup de foudre, alors profitons-en...( indiepoprock)


C’est une voix burinée par l’expérience, qui a chevauché les folles montures de Neil Young, côtoyé les abysses de Love, partagé les altitudes et les extases des Byrds. Cette voix qui psalmodie une Amérique éternelle, qui semble en connaître ce mélange toujours fascinant de noirceur et d’euphorie, d’espoirs colossaux et de plaies béantes, elle appartient pourtant à un frêle jeune homme de même pas 20 ans, Avigdor Zahner-Isenberg. Parolier imposant dès son premier album, Avigdor (devenu Avi Buffalo pour les besoins du film) a eu la bonne idée de traiter la musique avec la même grandeur et la même complexité que ses mots et ses maux – une superproduction que tant d’autres auraient filmé, tremblants, en super-8. A la façon des Shins ou surtout des Fleet Foxes, Avi Buffalo voit donc large pour ses chroniques d’une adolescence qui s’achève dans l’hébétude, mais aussi dans le soulagement. Portée par des carillons de guitares, par des chorales mixtes, par des refrains plaintifs et par des mélodies entrecroisées, c’est la nostalgie de l’innocence et d’un été encore frais que chante Avi Buffalo. Il suffit de lire les longues notes de pochettes ou de suivre les que diffuse le jeune chanteur pour se faire une idée précise de cette glorieuse confusion, de ce mélange de naïveté et d’aplomb, de ces sentiments à vif, en montagnes russes : ces turbulences hormonales secouent aujourd’hui des chansons qui sourient avec une larme à l’oeil. ,  ou … On ne compte plus, sur cet album scintillant, les raisons de rêver d’une Californie qui n’existe que dans les disques : une île déjà séparée du continent par un salvateur , havre de coolitude et d’hospitalité nonchalante, où se portent obligatoirement chapeaux de paille et franges savamment hirsutes, où l’hymne national a été composé par Brian Wilson, Roger McGuinn, Gram Parsons et Arthur Lee. C’est précisément ce fantasme absurde – et Dieu sait si l’absurdité est un rempart, un attirail d’autodéfense – qu’incarne Avi Buffalo : totalement en marge de la vie. (inrocks)
Il y a encore des raisons d'espérer, donc. Qu'une pop à la fois naïve et intelligente, brute et recherchée, émerge ainsi de nulle part (enfin, Long Beach, Californie pour être plus précis, donc pas exactement nulle part), le tout amené par une bande de quatre quasi lycéens. Intelligent, Avi Zahner-Isenberg (à l'origine du projet) doit l'être diablement, pour avoir ainsi monté son affaire, et réussir ainsi le coup parfait. Voire délicieusement imparfait, puisque c'est aussi ça qui fait partie du charme de ce groupe. Il développe des airs souvent ensoleillés mais pas forcément joyeux, décrivant des loopings entre perfection pop et hésitations mélancoliques. Bien sûr, l'âge aidant, une certaine fougue est parfois au rendez-vous. Le chant est frêle et souvent plaintif et les chœurs de temps en temps un peu bancals, sans que ce soit non plus imposé comme une marque de fabrique. Ce qui évite de trop penser à Pavement, d'autant qu'un patent supplément de sensibilité juvénile suffit à créer un style différent. Moins déglingué en apparence donc, mais sans doute authentiquement torturé. L'ultime "Where’s Your Dirty Mind?" finira d'ailleurs par prouver, en beauté une fois de plus, que sous le soleil, l'angoisse peut germer aussi.Cela dit, Avi Buffalo sait aussi moins s'en faire, et il ne faut pas non plus hésiter à goûter au premier degré à ces mélodies colorées (l'incontournable "What's in It For ?", "Coaxed"), et ces émois candidement adolescents ("Jessica"). A cela s'ajoute une virtuosité guitaristique rarement étalée, ou si, une fois juste pour voir, sur l'intense "Remember Last Time", autre sommet du disque. Dans lequel ils nous avouent "I've never written a love song…". Certes, mais il y en d'autres, des chansons, qui méritaient d'être écrites, et sur ce coup-là, nous vous sommes redevables de quelques-unes. (popnews)
bisca
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le 13 mars 2022

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bisca

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