AVIONS
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AVIONS

Album de AVIONS (2022)

https://innerspeaker.fr/2023/07/16/musique-critique-davions-avions/

Depuis plusieurs années, le rock français et notamment le rock lyonnais connaissent un renouveau de groupes inspirés de la pop-punk des années 90 et 2000, style qui proposait alors des mélodies et rythmes adulescents, sans prétention, faisant écho à une nouvelle génération tiraillée entre le désir pulsionnel de s’échapper du monde et sans cesse rattrapée par la réalité de ce dernier. Avions, trio basé sur Lyon et s’inscrivant a priori dans cette mouvance n’échappe, avec cet album éponyme, pas à la règle.

Cet album, long de 11 titres et court de ses 34 minutes et 14 secondes, semble par son format faire place à l’efficacité, ce qui sera confirmé dès la première écoute. L’opus s’ouvre sur « 1999 », morceau s’inspirant assez ouvertement de « 1979 » des Smashing Pumpkins et proposant un son assez dynamique, accrocheur et rétromoderne. Si la basse et la batterie jouent la carte de la simplicité et se contentent de suivre la progression d’accords et le rythme imprimés par la guitare – il n’était pas nécessaire d’en faire plus -, cette dernière vient agrémenter la progression de légers contrepoints lui donnant un certain charme mélancolique et lui évitant de tomber dans le trop de simplicité. Cette tendance à chercher l’efficacité et le riff accrocheur sera affirmée – ou en tout cas confirmée – tout au long de l’album ; de même pour les influences, certains morceaux semblant sortir tout droit du catalogue d’autres artistes bien qu’Avions y ajoute une touche personnelle permettant de les rendre originaux : c’est notamment le cas sur Fields of Gold qui rappelle très fortement les Ramones, Off-Axis Nirvana ou Kindness (Takes Over) les Stone Roses. Tout cela permet de faire cet album quelque chose de cohérent, d’assez familier et quelque chose qui n’est pas désagréable à écouter. Si les paroles n’ont rien d’extraordinaire et dépeignent en grande partie la vision du monde d’un individu qui se sent dans la société comme un outsider, certaines chansons sortent du lot, telles que Forcefield II, véritable éloge à la culture undeground, aux marginaux et à toutes ces personnes un peu hors-du-commun, dénigrées par la société.

Pour autant, à vouloir répéter la même formule à de nombreuses reprises sans proposer de variations mélodiques, rythmiques ou tonales suffisamment différentes les unes des autres, l’album tend indubitablement à lasser, et chaque morceau à ne rien proposer de réellement nouveau ou d’accrocheur pour nous permettre de rester alertes et concentrés sur notre écoute. Si les morceaux ne sont en eux-mêmes pas mauvais voire bons, le fait de les aligner les uns à la suite des autres nuit à leur fraîcheur. C’est d’ailleurs l’un des principaux risques des groupes qui cherchent à faire des albums efficaces : si certains s’en sortent avec brio, tels que les Arctic Monkeys sur Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not où la simplicité est contrebalancée par une profusion d’idées mélodiques, rythmiques et parolières, d’autres tombent dans l’écueil de la répétition, à ne pas suffisamment proposer d’idées différentes. L’un des points faibles du groupe et qui l’empêche de réellement innover semble se trouver dans le fait que ce soit un trio, ce qui ajoute de nombreuses contraintes puisqu’alors les possibilités mélodiques sont réduites. Avec une basse qui se contente la plupart du temps de suivre la guitare, cette dernière assume à elle seule la responsabilité de la mélodie ; or, on regrette qu’à certains moments la basse ne se détache pas de cette guitare ou qu’il n’y en ait pas une deuxième afin de proposer des contrepoints qui auraient pu être très intéressants, permettant d’élargir la palette mélodique et donc émotionnelle de l’album, trop limité de ce point de vue là.

En résumé, cet album s’avère être un album où les chansons sont, en elles-mêmes, plutôt sympathiques à écouter mais où le manque d’idées en fait un opus finalement assez lassant car monocorde. Il semble par conséquent davantage judicieux d’écouter les morceaux individuellement plutôt que d’écouter l’album d’une traite, ce qui vous ferait courir le risque de passer à côté de certaines chansons qui valent le détour.

katebush
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le 26 juil. 2023

Critique lue 23 fois

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katebush

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