Backdraft a tout du manifeste zimmerien qui donne naissance à l’école Remote Control aujourd’hui maître du blockbuster hollywoodien : un thème principal puissant et plutôt simple fait de quelques notes, un goût pour le grandiose voire le grandiloquent, la création d’une partition-texture qui enveloppe le film qu’il habille au point d’en redoubler les affects. Surtout, la grande force de Zimmer est de transformer le feu, élément instable, en ennemi rendu physique par un travail sur les sonorités stridentes et industrielles – à l’aide de synthétiseurs notamment – qui n’a de cesse de se heurter aux hommes et, plus largement, de menacer l’élan patriotique de l’Amérique ; c’est la piste 9 (« Show Me Your Firetruck ») qui vient rétablir la suprématie de l’ordre sur le chaos, victoire non dénuée de fraternité. Une immense partition qui contient en germes l’essence de ce qui fera le style des Remote Control Productions avec Junkie XL, Klaus Badelt, Lorne Balfe, Benjamin Wallfisch, Steve Jablonsky et bien d'autres encore.