Assurément l’un des meilleurs producteurs du nouveau millénaire, Madlib s’entoure de Blu et Med pour un album de potes et de plaisir, Bad Neighbor. Et ça se sent.
LES FEATS AU DÉFI
Ce n’est pas le premier projet qui met en scène à la fois Madlib, Blu et Med. En 2013, le producteur et ses deux MC de la côte Ouest proposent The Buzz et The Burgundy, un EP bien costaud mettant déjà en scène l’alchimie artistique entre chaque division du trio. C’est aujourd’hui avec plus de temps, plus de titres et plus d’invités que l’association propose 16 morceaux dans la plus pure veine Underground.
On entre dans ce Bad Neighbor, ce mauvais voisinage si on s’obstine à la franciser, par une porte bien chill. Après un « Greetings » d’entrée, nous voilà servis d’un titre quasi-jungle caribéen, où seuls les kicks tamisés évitent la comparaison parfaite avec Roni Size. De ce traquenard rythmique, Hodgy Beats s’en sort avec plus que les honneurs.
C’est que sur ces morceaux presque challenge, les invités de marque se distinguent. A écouter les performances d’AMG sur l’épileptique « The Stroll », de MF DOOM sur le funky et indispensable « Knock Knock », les défis sont largement réussis. A l’inverse, lorsqu’ils sont seuls, n’allez pas croire que Med et Blu ne gèrent pas leur petit business. Le Oizo-esque « Birds », s’il est un petit trésor de glitchs, n’est pas un cadeau pour poser. Il n’empêche que, seuls ou non, les deux MC, ensemble depuis bientôt une décennie savent bosser ensemble, et ça s’entend. Ils s’échangent des vers comme d’autres retournent des burgers : en fermant les yeux, et en servant des couplets bien fat aux clients.
LE DÉFI : NE PAS BOUGER LA TÊTE
Des titres ovnis, tels que précédemment cités, il fallait s’y attendre avec Madlib aux commandes. L’homme capable de sampler tout et n’importe quoi (et d’en faire un vrai son urbain) a su parfois tempérer ses folies minimales et servir sur des plateaux d’argents des sillons de pure West Coast comme on les aime.
Il faudra d’abord passer par l’électro-funk syncopée de « Peroxide (feat. Dam-Funk & DJ Romes) et le faux-minimalisme de « Get Money (feat. Nitt) » pour accéder, enfin, à la panacée. Une deuxième partie d’album, scindée par l’interlude « Mad Neighbor », qui commence avec « The Strip » et qui n’en finira plus de dégouliner de basses et de lignes de synthé rêveuses. Head Bang garanti ou remboursé. Progressivement, de « Finer Things » au soulful « Drive In » (merci Aloe Blacc) en passant par la basse frénétique de « Burgundy Whip » et le formidable superposé de calques sonores « Belly Full », les sons ravissent les oreilles, mettent d’accord, adoucissent les mœurs.
Tout ça, jusqu’à l’apothéose « The Buzz (feat. Mayer Hawthorne) », où les samples plus crus, les vocalises pitchées entrent en jeu. Oui, on ressent le « Buzz », via ce break comme en on fait plus, via les montées des chœurs, via ce final digne d’un titre de la BO de Super Fly. Pour une plongée dans le mauvais voisinage, après réflexion, on s’y sent super bien. Et si les Bad Neighbor, un peu comme l’Enfer, c’était les autres ?
COEFFICIENT HYPE : TRÈS BON
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