Pharoah Sanders – Ballads With Love (1994)
Sous cette forme l’album est sorti en 1994, mais en fait il s’agit de la réédition d’une partie du double Cd « Crescent With Love » paru l’année précédente sur Venus Records également, l’album existe également avec des pochettes différentes, il faut donc être vigilant car c'est un véritable casse-tête. Les sessions d’enregistrement se sont déroulées au « Sear Sound Studio » à New York les dix-neuf et vingt octobre mille neuf cent quatre-vingt-douze.
Cette sélection s’organise principalement autour de la notoriété des pièces originales, ainsi on retrouve « Body And Soul », « Misty » ou « In A sentimental Mood » pour situer les enjeux. Allons directement à l’essentiel, l’album est une vraie réussite si on considère son objectif, à savoir jouer des standards à la perfection, en respectant les canons du jazz traditionnel.
Pas de folie ici, de créativité hors-sujet où de glissements hors des voies traditionnelles, tout est contrôlé et rien ne dépasse. D’un autre côté c’est parfait et même assez éblouissant, même s’il est difficile d’écouter l’album en pensant que ce n’est pas Pharoah qui joue, mais un autre saxophoniste lambda, histoire de recréer mentalement un autre contexte...
Les titres se suivent sans ennui, on ouvre avec l’excellent « Too Young To Go Steady » très « ballade » dans ce contexte, évidemment, ça continue avec « Feelin’ Good » et le très beau « Light At The Edge Of The World », une musique de film. Pharoah est parfait, sage avec un phrasé cristallin, juste de légers « growls » sur « Body And Soul », on ne se refait pas, mais l’ensemble est très clean. La version de « In A sentimental Mood » est tout simplement magique.
William Henserson est le pianiste, Charles Fambrough à la basse et Sherman Ferguson à la batterie, tous les trois excellents, tant dans le soutien que dans les solos, tous dans un style post bop revendiqué. Rien ne dépasse et tout va, le pressage est japonais et la qualité sonore est tout simplement remarquable, à ce niveau c’est juste une « expérience », comme écouter un pressage « Denon » par exemple. Cette dimension est très importante ici, c’est juste un truc « à vivre » si l’occasion se présente.
Tout est dit, donc, cet album est évidemment conseillé si on est amateur de ce genre de sucrerie, c’est un pur régal, mais à des années-lumière de « Karma », évidemment.
Pour les amateurs de ce genre de musique, il existe, toujours sur « Venus Records », quelques albums de Shepp assez fabuleux…