On ne le dit jamais assez, le rock progressif italien des années 1970 a engendré des merveilles. Personnellement, le premier album de Banco del Mutuo Soccorso (groupe originaire de Rome) est mon deuxième album préféré du genre après Per Un Amico de Premiata Forneria Marconi. Etant donné qu’il s’agit de l’un des tout premiers albums de rock progressivo italiano, il représente une voie royale pour s'initier à ce sous-genre de la "galaxie prog".
Il dégage une fraîcheur, une spontanéité, une originalité qui le rendent passionnant. Cela commence innocemment avec la flûte pastorale de "In Volo", puis on se prend le rock empressé de "R.I.P" dans la tronche et on adore. Si le clavecin de Vittorio Nocenzi est aussi apaisant que le piano de son frère Gianni, son orgue nous emmène souvent dans des envolées épiques.
Le long morceau "Il Giardino Del Mago...Passo Dopo Passo...", dont le riff d’ouverture semble avoir été plagié par Balthazar sur « Fifteen Floors », est une leçon de rock progressif. C'est avec des morceaux comme celui-ci que les Italiens peuvent véritablement rivaliser avec les Anglais en tant que représentants de l'"esprit" prog rock. Cohérence, suspense et subtilité jusqu'au bout. Sur les passages les plus brûlants, on se situe quelque part entre le Jethro Tull fougueux de Thick as a Brick et l'univers barré et exotique d'un Magma. Avec, toujours, cette irrésistible touche "italienne" caractérisée par une voix et une langue qui font penser aux chanteurs d'opéra, venant sublimer le tout.