Un engagement pionnier pourtant peu reflété dans sa musique, toujours folk et sage, mais sachant incorporer une gracieuse modernité.
Beauty & Crime allie de fines mélodies, des arrangements légers et soignés avec un son résolument contemporain (Unbound, Zephyr and I, Angel’s Doorway, avec la participation de Lee Ranaldo de Sonic Youth). Jamais linéaire, l’album surprend par sa variété, sa richesse d’inspiration, du jazzy Pornographer’s Dream aux cordes sombres de Bound. Inspiré par le 11 Septembre et New York en général, Beauty & Crime est légèrement mélancolique mais radieux aussi, reflètant toute la sérénité que la ville se doit de retrouver.(Inrocks)
Qui connaît Suzanne Vega ? Chacun a en tête quelques-uns de ses refrains élégants qui marquèrent la fin des années 80 mais qui peut citer le nom de son dernier album en date ? Et de celui d’avant ? Pourtant, Nine Objects Of Desire (1996) et Songs In Red And Grey (2001) dévoilaient l’Américaine sous un jour lumineux, compositrice accomplie mais pas blasée, puisant fraîcheur et vivacité à la source d’une pop folk éclectique. Six ans après, c’est à nouveau ce qui frappe sur ce Beauty & Crime de très haute tenue : tout y respire la simplicité, la vitalité, le bonheur d’enregistrer des chansons libérées de toute pression. À commencer par cette voix, qui n’a pas bougé d’un iota, toujours aussi juvénile et touchante. Suzanne Vega a une vie en dehors de la musique et du Billboard, et cela s’entend. Paradoxalement, c’est probablement cette posture décomplexée qui pourrait la conduire à nouveau vers les antennes radios du monde entier tant son septième Lp regorge de mélodies étincelantes. Avec à la clé quelques tubes potentiels, dont Angel’s Doorway, porté par un piano, une basse synthétique appuyée et la guitare de Lee Ranaldo (Sonic Youth) qui zèbre l’espace avec élégance. Il apporte aussi beaucoup à la splendide Ludlow Street, aux rythmiques et percussions complexes, guitare aérienne et cordes denses. En onze chansons courtes, Suzanne Vega trouve le parfait équilibre entre une écriture classique, une instrumentation souvent audacieuse et une production d’une efficacité discrète. Unbound prend le risque d’une rythmique électronique et de motifs synthétiques répétitifs quand New York Is A Woman joue sur un jeu de guitare ouvert et libre, enroulé autour d’un ensemble à vents. Zephyr And I est une petite merveille pop aux chœurs craquants. Pornographer’s Dream trouve Suzanne Vega en territoire familier, celui d’une bossa ensoleillée, parachevant le portrait de l’artiste en femme et artiste épanouie. Beauty And Crime est assurément l’un des disques le plus ressourçant et revigorant de la collection printemps/été 2007. (Magic)