Beyoncé
6.7
Beyoncé

Album de Beyoncé (2013)

Je ne vais pas revenir sur le génie marketing, si simple et pourtant si puissant qui a entouré la sortie de l'album. Ce qui me stupéfait le plus ce n'est pas que Beyonce ait réussi le plus beau coup marketing musical de ces dernières années, c'est que Beyonce ait livré un de mes albums phares de ces dernières années. Je l'ai déjà dit avant, j'ai toujours apprécié la performeuse, l'ambitieuse, beaucoup plus rarement l'artiste elle-même. Seul 4 était vraiment parvenu à obtenir mes faveurs, justement parce qu'il sortait des sentiers battus de Sasha et malgré toute l'affection que je porte à B'Day c'était la première fois qu'elle me prouvait qu'elle pouvait faire de bons albums. C'était il y a moins de deux ans mais j'étais tellement sur qu'en l'absence de succès singles elle lancerait un projet très commercial, calibré et pop...

Je n'aurais jamais parié sur Beyonce pour bousculer l'ordre commercial établi et encore moins pour le faire avec un album pareil. Je l'ai toujours considéré trop consensuelle dans son discours, policée dans sa musique d'où ma difficulté de rentrer dans un répertoire un peu vide. Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté de son potentiel, si c'est de ma faute ou de la sienne. Les quelques commentaires de fans regrettant l'absence de tubes, d'uptempos, de danse me rassurent mais quand même. A l'heure où Britney Spears prétend avoir fait son album le plus personnel avec la dance de Will.I.Am, prendre par surprise un album aussi intime et libéré dune des plus grandes stars de la planète laisse rêveur.

Parce que le travail est là, la vision de Beyonce est implacable. On prend tout dans la tronche, après le retour de l'excitation à la découverte d'un album inédit, l'excitation de découvrir l'artiste aussi, avec un concept visuel qui ne se contente pas d'être inédit dans sa forme mais aussi dans son contenu. Musicalement c'est l'album le plus excitant que j'ai pris la peine d'écouter cette année, par son ambition, son audace et sa pleine réussite. Chaque écoute ajoute une dimension à chaque chanson et au projet tout entier, et la maîtrise de la direction musicale et visuelle donne le vertige. Les images se succèdent, les paroles fouettent et caressent, les influences s'entrechoquent, ça pourrait être un chaos total mais l'alchimie est là : on ressent la ligne directrice, l'envie, le coeur du projet. J'ai le sentiment de découvrir complètement Beyonce grâce à son investissement, le personnel étant brillamment au service de l'artistique. Pour tout vous dire la dernière fois que j'ai ressenti un truc pareil, c'était avec The Velvet Rope. J'ai même pensé à ce que Madonna disait de Michael Jackson lors de son hommage aux VMA. C'est un album complètement libérateur qui ne se contente pas de se regarder le nombril mais qui transmet son énergie, sa liberté, ses convictions.

Je n'aurais certainement pas parié non plus sur Beyonce pour se positionner si clairement sur le féminisme. Proclamer le girl power sur Run The World est une chose, mais en plaçant le discours "We should all be feminists" de Chimamanda Ngozi Adichie sur une chanson comme Flawless on est déjà à un tout autre niveau d'engagement. Le féminisme de Beyonce n'est certes pas très académique puisqu'elle revendique le droit d'être légal de son homme tout en prenant un plaisir non dissimulé à être son objet sexuel si ça lui fait envie mais il faut comprendre que le féminisme na rien de vraiment mainstream aux USA. Toutes ses collègues féminines ont été interrogées sur le sujet, de Lady Gaga à Björk en passant par Katy Perry et toutes ont fermement nié l'être, de peur sans doute de s'aliéner une partie de leur auditoire. Le féminisme de Beyonce n'est pas très cathodique, mais il a eu au moins le mérité de replacer le sujet au cœur de l'actualité.

Bref, je ne suis pas devenu fan mais pour une surprise, ce fut une sacrée surprise.
Shivonne
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 26 févr. 2014

Critique lue 915 fois

4 j'aime

1 commentaire

Shivonne

Écrit par

Critique lue 915 fois

4
1

D'autres avis sur Beyoncé

Beyoncé
Kaliya
9

I could sing a song for a Solomon or Salamander

Beyoncé signe l'un de ses meilleurs albums, du moins il fait aisément partie de mon top 3 (sans ordre : B'Day, 4, Beyoncé). J'adore le fait que certaines chansons soient déstructurées, qu'elle y...

le 30 oct. 2014

5 j'aime

2

Beyoncé
Shivonne
9

Vive la monogamie!

Je ne vais pas revenir sur le génie marketing, si simple et pourtant si puissant qui a entouré la sortie de l'album. Ce qui me stupéfait le plus ce n'est pas que Beyonce ait réussi le plus beau coup...

le 26 févr. 2014

4 j'aime

1

Beyoncé
Farrah
8

Queen B un jour, Queen B toujours...

Comment faire la meilleur promo pour son album alors qu'on viens tous juste de sortir d'une tournée mondiale et qu'on est un peu fatiguée? Poster une vidéo sur instagram! Rapide, Gratuit et Efficace...

le 29 déc. 2013

3 j'aime

Du même critique

Scooby-Doo, où es-tu ?
Shivonne
10

Ma madeleine de Proust préférée

D'un œil adulte, la mécanique répétitive de la série, et les intrigues ubuesques prêtent à sourire. Les voleurs de bijoux n'étaient finalement pas bien dangereux dans les 70's, préférant en effet se...

le 6 févr. 2014

18 j'aime

1

Jane the Virgin
Shivonne
7

Oh wow, an unexpected twist.

Jane Villanueva est une jeune femme vierge de 23 ans, fiancée à Michael, qui va se retrouver enceinte suite à une insémination accidentelle administrée par la sœur du donneur, Rafael, que Jane a...

le 19 janv. 2015

17 j'aime

Transparent
Shivonne
7

No one has ever seen me except me.

Bien qu’il ait fallu attendre 40 ans pour voir une série dont le héros est transgenre, l’attrait principal de cette première saison n’est pas vraiment là où on pouvait l’attendre. Car si Transparent...

le 5 janv. 2015

16 j'aime