Charlie Haden & Pat Metheny – Beyond The Missouri Sky (Short Stories) – (1997)
Restons dans la communauté des « cordes » avec cet album de Charlie Haden et Pat Metheny que l’on trouve désormais facilement à bas prix. De quoi se consoler du prix des vinyles qui s’affole en cette rentrée. Acceptons comme un bon augure que cet album a reçu, peu après sa sortie, le Grammy Award du meilleur album de jazz instrumental en 1998. Je me fie rarement à ces distinctions mais j’ai écouté pas mal cet album ces derniers temps, et je ne peux que me rallier à ce choix, celui de la raison et du cœur.
On connaît l’écueil avec Pat Metheny, il peut arriver à ce grand guitariste de provoquer un certain ennui, mais tout aussi bien il peut vous enflammer et créer la passion ! Mais il y a Charlie Haden, il est dans mon Panthéon et n’est pas prêt d’en sortir, lui aussi peut créer le feu et trouver au coin de quelques accords une mélodie imparable, ou créer un climat chaleureux, ou sortir encore la note impromptue qui fait mouche.
Pat Metheny est né à « Lee's Summit » dans le Missouri et Charlie Haden y a vécu lors de son enfance et son adolescence, dans la petite ville de « Forsyth ». C’est de ce point commun qu’est né le titre de l’album, mais il y a une différence générationnelle entre les deux musiciens en même temps qu’un respect mutuel, les deux se connaissent et se fréquentent par intermittence depuis le début des années soixante-dix.
L’album est copieux et frôle les soixante-dix minutes, bien entendu Charlie Haden tient la basse et Pat la guitare mais également les « autres instruments », comprendre une petite touche de synthé par ci et quelques notes au clavier par là… Ce n’est surtout pas un album de démonstration technique du genre « m’as-tu-vu ?», bien au contraire, c’en est le contre-pied délicat, le lyrisme doux, les climats tendres et les atmosphères chaudes et langoureuses.
Les compos sont d’origines diverses, trois sont de Charlie Haden et une de son fils Josh, « Spiritual » qui ferme l’album. Pat Metheny est l’auteur de deux titres, on remarque le très beau « Tears Of Rain », autant qu’Ennio et Andréa Morricone qui sont repris ici par deux fois, sur la musique du film « Cinema Paradisio ». Il y a également un traditionnel, « He’s Gone Away » et d’autres reprises encore, treize titres au total, une sorte de fastueux partage auquel nous sommes invités.
Il faut tout de même souligner une certaine sobriété générale sur l’album, promouvant une musique intimiste, recherchant l’essentiel par l’économie de moyens et l’absence de fioritures. Tout l’art de cet album se résume à ça, en attendre autre chose serait aller au-devant d’une déconvenue, mais dans ce cadre-là, il est parfait.