Les bardes auront mis un peu plus de 4 ans à produire ce nouvel album, et avec toutes les promesses que nous avait gratifié At The Edge Of Time, on était en droit d'espérer le graal. Je pense que nous pouvons dire que nous l'avons, le graal de Blind Guardian ... Ou peut être l'avons eu entre les mains, un bref instant seulement ?
The Ninth Wave : Des choeurs grandioses, ceux d, les percussions de la colère ... un dies irae résonne dans nos oreilles. Cela s'annonce épique ! Des bruitages électroniques se font entendre, les bardes nous ont déjà habitué à quelques surprises niveau son, et cette petite originalité ne dérangera au final je pense aucun puriste.
La voix de Hansi est toujours riche en émotion. Plusieurs voix, plusieurs discours, et des choeurs puissants. L'oeuvre continue, l'ambiance est définitivement plus orchestrale, épique que metal : la guitare de Marcus, rythmique, est noyée au fond des arrangements nombreux, sans être un véritable bazar. C'est un choix d'ambiance, qui correspond à la volonté artistique du groupe. Plus d'épique, le mirage du projet symphonique. Mais soudain la guitare solo d'André
viendra nous rappeler que l'on est toujours en terre du metal. Le final est épique, nous laissant méditer.
Telle une ouverture épique d'opéra classique, nous arrivons dans les mondes que Blind Guardian a choisit de mettre au centre de leur album concept :
Un garçon (Arthur ?), dont le destin serait de sauver Camlann, devenu Discordia, où règne neuf créatures quasi divines : Crow, Hare, Fox, Bear, Falcon ...
Manipulation, trahison parmi les neufs, lutte face au "Fallen One", le pendant maléfique d'Arthur ... Mordred ?
L'interprétation des paroles n'est pas aisé, mais nous sommes là dans un univers profond, de dieux païens nordiques, de légendes arthuriennes ...
Bel ambiance !
Twilight Of The Gods : morceau résolument plus metal, possédant la même énergie qu'il y avait dans A Voice in the Dark, tout en étant plus joyeux.
Prophecies : coup de coeur pour ce morceau : l'histoire se poursuit, les choeurs viennent appuyer Hansi, tandis qu'un pont rythmique se met en place, avant de nous relancer quelques couplets plus loin dans un solo classique d'André, mais efficace, avant que le morceau se finisse sur une apothéose des choeurs.
At The Edge Of Time : ce morceau (du même nom que l'album précédent), démarre plus calmement, plein de mélancolie, de questionnement sur l'avenir du personnage principal. La présence de l'orchestre se fait ressentir, lui qui s'était tût sur les deux morceaux précédents. Et c'est l'extase !
La maîtrise des multiples voix, des multiples choeurs est grandiose : une vraie montée en puissance épique ! Je n'ai pas eu l'impression d'en avoir trop dans les oreilles, au contraire, l'ensemble est bien dosé. L'arsenal rythmique metal, s'il est à nouveau un peu noyé, reste plus présent que dans le morceau d'ouverture : la batterie continue de tabasser, avec un son profond. Elle qui paraissait si faible sur A Twist in the Myth !!
Ashes Of Eternity : Un départ bien dans la veine des derniers morceaux de A Twist in the Myth, voir de Battlefield ... un morceau classique comme Blind Guardian a l'habitude de nous produire. Plus direct, riche en riffs puissants à la double croche ... et un solo d'André qui m'aura évoqué ... Carlos Santana ! Les bruitages électroniques percussifs reviennent vers la fin.
Distant Memories : On démarre sur une petite mélodie innocente, avant de monter dans une envolée épique, avant de découvrir la voix qu'utilise Hansi sur les ballades. Serions nous arrivé à la ballade classique du groupe ? Non, pas vraiment. Si ce morceau possède un rythme mid-tempo, il n'en reste pas moins éloigné des ballades du groupe. Les puissants choeurs, les soli cristallins, les ambiances presques arpégées ... et toujours un appui rythmique plutôt épique, se terminant sur des notes joués aux violons, évoquant une possible fin heureuse.
The Holy Grail : la mièverie est fini, les bardes nous balancent un morceau speed et épique. Appuyée par une ambiance obscure, de son de cloche, évoquant Imaginations From The Otherside, la chanson est dynamique. "Magna eterna, Magna eterna, sings your journey's over". Le morceau est long, et à mon avis manque un peu de relief, sans moments mémorables.
The Throne : On démarre un nouveau morceau, qui se veut déjà épique et orchestrale, possédant une identité proche At The Edge of Time. Le refrain, plein de pathos, de voix qui se répondent, est mélancolique et grandiose. Le morceau poursuit sa route, puisant sa force dans l'ambiance épique et orchestrale pour faire avancer l'histoire. Le côté metal n'est pas en reste, bien que sans vraie surprise, elle est efficace. Son refrain finalement, fait tout son charme.
Sacred Mind : Une nouvelle ambiance mystérieuse, futuriste commence ... le morceau démarre lentement, plein d'espoir, avec de jolies mélodies à la guitare.
Et puis, soudain ... On est parti pour une cavalcade metal, dans une ambiance proche encore une fois de A Voice in The Dark. Mention spéciale aux soli, qui retrouvent ici beaucoup d'inspiration.
Miracle Machine : La ballade ! Sur un piano, Hansi se pose, avec quelques voix, pour finalement chanter appuyé par quelques instruments à cordes frottées.
Une ballade intimiste, pleine d'émotions, joyeuse et triste à la fois.
Grand Parade : Morceau final, c'est le retour de l'orchestre (qui se sera montrer avec brio donc sur quatres morceaux). Les violons en staccato, les choeurs, de nombreuses choses de positifs dans ce morceau. D'ailleurs, si le morceau d'introduction était plutôt triste, de même que les derniers morceaux, celui-ci saura évoqué une ambiance pleine d'au revoir, mais aussi d'espoir. A nouveau, André nous construit un soli magnifique, plusieurs lignes mélodiques se développant par moment. Et s'il semblait trop, court, voilà qu'il revient après un court interlude instrumental. La pièce reprend de la vitesse, avant de retomber sur le refrain, riche en choeur. Avant de se terminer sur l'ultime note de quelques cymbales !
Un album plutôt réussi, une ambiance épique, symphonique ... qui laisse à penser que les bardes sauront venir à bout de leur projet symphonique de longue date.
Les bardes sont au service de leur musique, qui si elle a une base metal, a de plus en plus laisser place au grandiose, aux éléments orchestraux et d'ambiance.
Si l'on enlevait à l'album tout ce qui n'est pas directement metal, il serait tout juste bon selon moi ... mais ça serait nié l'identité du groupe.
L'album est difficile à aborder. Les pièces sont longues, très riches pour certaines, il faut les avoir écoutées de nombreuses fois pour en saisir une certaine puissance, une certaine dimension évocatrice. Blind Guardian continue de jouer du Blind Guardian, avec le même speed metal que celui qu'il a créé sur Imaginations From The Other Side, le même talent de conteur que sur NIME, la même grandiloquence que sur les pistes orchestrales d'At The Edge of Time, et un son toujours plus maîtrisé, bien qu'étouffant la guitare rythmique.
Un des meilleurs albums du groupe, pour qui saura l'écouter avec patience et concentration.