Bible of Dreams
7.2
Bible of Dreams

Album de Juno Reactor (1997)

Avec ce « Bible of dreams » Juno Reactor invente pour ainsi dire une nouvelle branche de la musique électro, mélange de goa hypnotique, d'ambient world music et de rythmes tribaux qui apportent au tout une fraicheur et une cohérence organique proprement inédite au genre. Effectivement, les percussions, que l'on peut tout particulièrement apprécier dans « Conga Fury » (repris quelques années plus tard dans la bande-son d'« Animatrix »), sont le fruit de véritables instruments. Ben Watkins s'est même carrément alloué les services de Amampondo, le groupe de percussions préféré de Nelson Mandela.

Pour votre serviteur, « Conga Fury » est tout simplement la première grande oeuvre de Juno Reactor. Je me souviens encore de l'expérience incroyable de la première écoute, l'impression qu'un artiste électro avait enfin compris ce que je recherchais depuis tant d'années dans un genre musical hélas souvent trop froid mais qui n'a jamais cessé de me fasciner. C'était original, envoûtant et diablement excitant. Près de 20 ans plus tard, ça l'est toujours autant.

Deuxième grand tube de l'album, dans un style suffisamment différent pour prouver qu'il faudra désormais compter avec l'éclectisme extatique du sieur Watkins: « God is god », fable musicale métaphysique qui transporte vers l'orient et les mystères de l'Islam. La musique est par ailleurs merveilleusement illustrée par le clip, composé d'extrait de « Sayat Nova », film expérimental du cinéaste arménien Sergueï Paradjanov. Tentez l'expérience de la fusion image-musique, je pense sincèrement que ça vaut le coup !

https://www.youtube.com/watch?v=v8LY2VgiikE

Le reste de l'album est de bonne facture, sans pour autant atteindre les sommets des deux titres précédents. « Kaguya Hime » vous entraine dans une virée nocturne au Japon et « Swamp Thing » vous englue dans d'étranges marais brumeux. Les atmosphères sont réussies mais parfois un peu paresseuses. On reste tout de même dans une musique ambient plutôt intéressante. «  Komit » revient à une goa plus habituelle mais qui redonne un coup de peps salvateur et franchement maitrisé (passage avec des faux choeurs, petit riff de guitare,...) dans un océan d'ambient un peu trop posé. D'autres titres frôlent à cet égard le ratage, à l'instar de « Jardin de Cecile » et de « Shark », d'une pauvreté indécente.

L'album aurait facilement pu être un hit s'il s'était avéré plus équilibré. A force de lorgner vers la langueur, on en oublie le potentiel tribal des congas qui aurait mérité d'être davantage exploité.

On verra de quoi il en retourne avec le prochain opus...
Amrit
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le 21 févr. 2015

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