Critique de Binaural par JasonCarbon
Bien mais pas ouf. Nothing as it seems est au dessus du lot.
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le 25 oct. 2017
Vous avez vu une nébuleuse ? Au sens astronomique du terme, BINAURAL en est une. Avec le recul, il est devenu et restera une véritable étoile. Nul doute qu’à ses premières écoutes il aura du mal à convaincre, même si l’étude de l’évolution du groupe au fil des albums finira par prouver l’inverse.
L’album est homogène, sombre, dense comme un trou noir et l’immensité intersidérale est palpable dans chaque recoin ou presque. (Présents à Bercy le 08-06-2000, ne vous souvenez-vous pas avoir ressenti l'atmosphère de l'album régnant durant une bonne partie du concert ? Moi, si.)
Tout le champ lexical spatial est illustré dans la musique de BINAURAL. Les compositions soignées, les guitares excellentes de bout en bout et absolument complémentaires. Le chant est davantage maîtrisé dans le sens où E. Vedder commence à ménager son organe, comme s’il sentait venir la longévité du band. Les textes pêchent tout de même parfois.
BINAURAL propose des textures sonores inconnues des fidèles (grâce au procédé binaural sur quelques titres mais pas que), il perturbe, peut paraître mineur. Il n’en est rien. Que ce soit cette manière de traiter le son par Tchad Blake, les compositions parfois éthérées ou à la signature rythmique « asymétrique » (Sleight Of Hand), les textes universels voire aussi sombres que le monde à venir, ou encore la cohérence dans le choix des pistes et dans la construction de l’album, BINAURAL est définitivement un album majeur du groupe. Qui peut dérouter aux premières écoutes, qui transpire l’état d’esprit des membres à l’époque et de l’humanité en général en cette fin de millénaire face à l’Histoire, qui détient une force et une puissance intrinsèque à tous les niveaux et rarement égalée, BINAURAL est à ce jour - en 2016 -, la dernière originalité véritable, la dernière prise de risque, la dernière intellectualisation, appelez-ça comme vous voudrez : la dernière étincelle studio de Pearl Jam.
Faisons une parenthèse digne d’un chapitre. Pour le premier enregistrement studio de M. Cameron avec PJ, on a ici la preuve de l’influence du batteur dans la globalité d’un groupe. Ah…. PJ et ses drummers ! Ten n’aurait jamais été Ten sans le feeling funk de D. Krusen, Vs. n’aurait jamais été Vs. sans D. Abbruzzese, bien qu’à les écouter, les 2 aient un jeu et une vision presque similaires du groove et d’un rôle mélodico-rythmique de l’instrument. Vitalogy à lui seul fait la passerelle entre Abbruzzese et Irons. Et No Code et Yield n’auraient jamais été non plus No Code et Yield sans le drumming très tight et parfois tribal de J. Irons, qui sert au poil les chansons et l’esprit des albums. Il en va de même pour BINAURAL. Matt Cameron laisse sa patte de manière indélébile sur cet opus, ça coule moins, c’est direct, une force brute pourvue de technique, ça cogne, ça n’hésite pas et ça colle au moment tout en apportant un plus : rock on !
(Pour les fans, remémorez-vous son intervention orale dans PJ20 où il explique le contexte d’apprendre la centaine de morceaux du groupe en quelques semaines en 1998.)
Avec la vingtaine de morceaux disponibles pour BINAURAL, les 13 morceaux de l’album, moitié moins publiés sur LOST DOGS, Pearl Jam pourrait en 2016, sortir de l’ombre les morceaux restants de ces sessions d’enregistrements… Stay tuned !
Créée
le 4 févr. 2016
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